À l’instigation de Philippe Moreau, que je remercie, je partage aujourd’hui deux films associés au nom de René Vautier : Afrique 50 et Humain, trop humain (réalisé par Louis Malle).
Ces deux films sont en libre accès (cliquer sur leurs noms).
En voici les descriptions :
Afrique 50 de René Vautier
En 1949, il part pour l'Afrique, la Ligue française de l'enseignement lui ayant commandé un reportage sur les conditions de vie dans les villages de Côte d'Ivoire, de Haute-Volta, du Sénégal et du Soudan français, destiné à mettre en valeur la mission éducative de la France dans ses colonies pour montrer aux élèves des lycées et des collèges « comment vivent les villageois d'Afrique occidentale française ». Indigné par ce qu'il voit sur place, Vautier décide de filmer la réalité de l'Afrique colonisée. Mais la police saisit les négatifs du film et lui-même est cité à comparaître pour « avoir […] procédé à des prises de vues cinématographiques sans l'autorisation du gouverneur8 ».
Il réussit cependant à sauver quelques bobines et, en 1950, réalise un film de quinze minutes, Afrique 50, qui va être diffusé clandestinement. Interdit pendant plus de quarante ans, c'est le premier film anticolonialiste français, chef-d’œuvre du cinéma engagé, qui lui vaudra treize inculpations et une condamnation à un an de prison9. Lui et Félix Houphouët-Boigny sont jugés pour avoir violé un décret de 1934 de Pierre Laval, alors ministre des Colonies. René Vautier est incarcéré à la prison militaire de Saint-Maixent-l'École, puis à Niederlahnstein en zone française d’occupation en Allemagne. Il en sort en juin 1952. Afrique 50 reçoit la médaille d’or au festival de Varsovie.
Humain, trop humain de Louis Malle et René Vautier
Reportage de cinéma direct aux usines Citroën de Rennes, en juillet 1972, et au Salon de l'auto de Paris, en octobre de la même année, le documentaire propose un regard insistant sur les conditions de travail à la chaîne dans une usine d'automobiles en filmant minutieusement le travail d'un homme ou d'une femme, tentant de faire sentir ce que peut être la répétition des mêmes gestes pendant huit heures d'affilée. L'archaïsme évident de cette forme de travail perce à travers les apparences ultramodernes de ces grands ateliers.
« Humain, trop humain est mon seul documentaire dans lequel il n'y a pas de commentaire. L'objet du film était simplement de passer une semaine dans cette usine de Citroën, ce qui avait été difficile en raison de la méfiance de la direction. »
— Louis Malle