Cette tension dialectique entre la voix et le silence se double d’une autre tension dialectique entre le visible et l’invisible ou, dit autrement, entre la lumière et la ténèbre, qu’impose la part inscrite, donc visible de l’écriture, et du coup l’opportunité pour cette inscription de s’éclipser – ce qui est le cas lorsqu’on écrit un mot sans vav sans pour autant que sa prononciation ni sa signification ne varient.
Cette hélice dialectique est représentée dans la Bible par le rituel oraculaire nommé Ourim Vethoumim, signalé au chapitre 28 de l’Exode, dans le paragraphe décrivant, parmi les vêtements du grand prêtre Aaron, son pectoral, soit la partie recouvrant sa poitrine :
« Lorsque Aaron entrera dans le sanctuaire, il portera sur son cœur les noms des fils d’Israël, gravés sur le pectoral du jugement, pour en conserver à toujours le souvenir devant l’Éternel.
Tu joindras au pectoral du jugement l’urim et le thummim, et ils seront sur le cœur d’Aaron, lorsqu’il se présentera devant l’Éternel. Ainsi, Aaron portera constamment sur son cœur le jugement des enfants d’Israël, lorsqu’il se présentera devant l’Éternel. »
Ce qu’étaient exactement les urim et thumim, qu’on peut traduire par « lumières et perfections », reste sujet à énigme. Il s’agirait d’un parchemin sur lequel était inscrit le Tétragramme, placé entre les les plis du tissu à l’intérieur du
h’ochen (« ornement », qui viendrait d’une racine signifiant « contenir » ou « étinceler ») hamichpat (du jugement), sur lequel 12 pierres précieuses (4 rangées de 3 pierres) de matières différentes étaient enchâssées, sur lesquelles étaient inscrits les noms des douze tribus d’Israël.
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