Lettre d'information du Séminaire de Stéphane Zagdanski - Numéro #10
Nouvelles de l'été 2021
1/ Séances sur Heidegger et la Shoah chapitrées
2/ Texte de la fresque murale: "La grâce de l'arc-en-ciel"
3/ Annonces pour la rentrée
Les neuf premières séances du Séminaire (avril à août 2020) chapitrées
Toutes les séances introductives du Séminaire sont désormais chapitrées, y compris les deux séances consacrées à Heidegger et la Shoah :
0:00:00 Préliminaire sur la temporalité de YouTube
0:02:48 Remarques sur l'organisation future du Séminaire
00:10:00 Hommage à Joseph Zagdanski
00:10:44 La "shoah" dans Isaïe
00:14:25 Étapes précédentes du Séminaire
00:17:14 La pensée juive, l'imperium et la Littérature française
00:24:45 Le malheur du mot "shoah"
00:27:29 L'incompréhensibilité du peuple juif et du judaïsme
00:32:45 L'émancipation des Juifs modernes
00:35:15 Les Juifs et le judaïsme inquestionné
00:38:45 Le judaïsme selon Tacite
00:40:45 Les Juifs et le Chaos dans les Cahiers noirs
00:48:16 Qu'est-ce que le judaïsme et qui sont les Juifs?
00:55:00 Réponse juive à la question de l'être juif: "Elou devarim"
01:11:45 Méconnaissance du judaïsme dans le christianisme et l'islam, et chez les modernes
01:13:15 L'orthodoxie juive selon Netflix
01:14:56 Méconnaissance du judaïsme et extermination des Juifs
01:16:15 Penser le premier génocide des Temps modernes
01:17:10 Enseignements à tirer de l'incompréhension par Heidegger
01:20:45 Passage des Cahiers noirs sur l'auto-extermination des Juifs
01:30:45 Anormalité du génocide, victime et bourreau
01:33:00 Confusion de Georges-Arthur Goldschmidt sur l'extermination
01:42:27 Anecdote de Fédier sur Fritz Heidegger
01:45:00 Goldschmidt sur la langue allemande
01:46:05 Le bourreau est la réponse
01:48:15 Heidegger sur le "commandement" dans le Parménide
01:55:00 Le commandement chez les dieux grecs
01:58:30 Le penseur ne réfute pas un autre penseur
01:59:30 Traduction erronée du Décalogue par Luther
02:04:36 Ignorance du monde juif par Heidegger
02:09:00 Les dix paroles-choses
02:11:00 Pas d'impératif en hébreu, Spinoza et la grammaire hébraïque
02:13:30 Léon Ashkenazi sur l'impératif en hébreu
02:21:01 Pas d'ordre dans la Torah
02:23:30 Deleuze et le non-ordre de Dieu à Adam selon Spinoza
02:28:06 Heidegger ne voit pas la criminalité nazie
02:31:08 Puissance, Violence, Crime et Extermination dans L'histoire de l'Estre
02:33:00 Brutalité et auto-extermination
02:35:05 Préjugés antisémites mais lucidité de Heidegger sur l'extermination en cours
02:37:30 Inapparence de la Dévastation
02:40:06 L'humanité en 2020
02:42:45 La dévastation du langage: Alphabet et Neuralink
02:49:40 "Le désert croît"
02:54:50 Heidegger et Jaspers le 8 avril 1950
02:58:28 Substitution des Allemands aux Juifs
03:07:00 Le peuple de l'attente qui se souvient
03:11:15 L'attente selon Heidegger
03:15:25 L'attente messianique dans le traité Sanhédrin
03:29:00 La substitution des Allemands aux Juifs dans "La dévastation et l'attente"
03:38:30 Entracte
03:40:30 Dialogue entre "le plus jeune" et "le plus âgé"
03:52:00 Proximité de Heidegger avec la pensée juive selon Marlène Zarader
04:02:30 Conférences de Brême en 1950
04:04:30 Heidegger sur la victoire des Alliés
04:05:40 Le fragment manquant de la pensée de Heidegger
04:07:45 L'antisémitisme et la destruction du monde
04:09:05 L'auto-annihilation de l'homme par la Technique
04:11:00 Le judaïsme "principe de destruction" selon Heidegger
04:12:00 La distinction et la nomination du monde dans le judaïsme : le "bara" hébraïque
04:14:00 Antijudaïsme de saint Jérôme, substitution et extermination
04:17:40 Antisémitisme de Luther, le Béréchit incompris
04:19:00 Erreur de Heidegger sur le Deus Creator
04:21:00 Le Christ n'a plus rien de juif
04:21:50 Heidegger incapable de penser la persécution des Juifs
04:24:45 Le Dieu juif à l'origine de la dictature chez Heidegger
04:25:00 Erreur de Luther avec le mot "befehlen"
04:29:30 Gérard Bensussan sur la Machenschaft
04:33:40 Modernité d'"Introduction à la Métaphysique"
04:35:28 Le "judaïsme mondial" selon Heidegger, Nuées d'Aristophane
04:37:40 Les deux énigmes posées par l'antisémitisme de Heidegger
04:46:00 Les dégénérés anti-heideggeriens
00:00:00 Résumé des séances précédentes
00:02:00 Lecture du passage des Carnets noirs sur l'auto-anéantissement des Juifs
00:07:08 Première énigme: l'antisémitisme de Heidegger intriqué dans sa pensée
00:12:42 Deuxième énigme: l'association de la "Machenschaft" et de la "Judentum"
00:18:04 Réponse à la première énigme; "Jude", mot dévitalisé pour Heidegger
00:21:15 La notion historiciste de judéo-christianisme
00:27:55 Le "mot vide" "Juif
00:31:55 Le mot "logos" dans "Introduction à la Métaphysique"
00:35:44 Philon d'Alexandrie
00:45:30 Les philosophes grecs dans le Talmud
00:55:45 Le Dieu et le monde juif pour Heidegger
01:02:00 Réponse à la deuxième énigme : "Machenschaft" et "Weltjudentum"
01:02:50 L'étant et l'Être chez Heidegger dans "Introduction à la Métaphysique"
01:12:30 Le retrait de l'Être
01:18:00 L'objet, "Gegenstand", l'antagonisme des visions du monde
01:27:00 Francisco Alfieri sur la Métaphysique et les Juifs
01:30:40 L'extermination en cours, Gérard Bensussan sur la "Machenschaft"
01:33:05 L'antagonisme entre l'Amérique et la Russie
01:36:00 Le mot-charnière "objet" rattaché aux Juifs par Luther
01:43:50 Le Décalogue dans "Introduction à la Métaphysique"
01:45:30 Imperium, Vernichtung et Judentum
01:48:00 L'ensorcellement de Heidegger
01:49:40 Le judaïsme comme "principe de destruction"
01:53:45 Les Juifs prédestinés au Gigantesque
01:58:05 Impensabilité du judaïsme et innommabilité de l'Être
02:03:10 Le Buisson ardent, Beaufret imperméable à la pensée juive
02:06:55 Erreur de Heidegger sur le prophète juif
02:08:05 Lucidité occasionnelle de Beaufret
02:10:05 Pêle-mêle, absence d'ancrage et auto-destruction
02:13:00 Association artificielle de l'élément juif au Gigantesque
02:20:00 Les Juifs associés au Calcul
02:22:00 Les Juifs selon Nietzsche
02:28:10 La rhétorique antijuive clé en main
02:29:00 L'influence d'un penseur selon Heidegger
02:31:00 Philosémitisme de Nietzsche sans influence sur Heidegger
02:34:10 Sociologie des Juifs allemands et autrichiens
02:36:30 Raisons de l'excellence intellectuelle juive selon Nietzsche
02:46:00 Le peuple impensé, l'aristocratie mystique d'Israël
03:10:00 La source spirituelle de la génialité juive: la prière "Elou Devarim"
03:26:30 Les musiciens juifs géniaux
03:29:00 Étude du passage sur l'auto-extermination dans les Cahiers noirs
03:33:00 La pure essence du monde grec
03:38:30 Muthos et Logos
03:41:00 La Phusis dénaturée
03:47:00 L'Indestructible
03:50:25 Le retrait du Dieu juif
03:51:00 Le Planétarisme et la Dévastation
03:56:00 Le micmac juif selon Heidegger
03:58:00 Hegel et Marx, l'inversion de la Métaphysique
03:59:30 L'inversion nietzschéenne
04:04:10 L'effondrement de la Philosophie, la dialectique hégélienne
04:12:20 Dépasser l'antagonisme, la maturité dialectique : Marx et Hegel, l'Alèthéia, Schelling
04:23:40 En quoi Marx est profondément juif
04:32:15 Le principe de Destruction
04:34:45 Le nihilisme aujourd'hui
04:38:45 Hiroshima et Nagazaki
04:40:15 Invisibilité de la Dévastation, principe de la Destruction
04:42:45 L'indestructible lumière de l'Être, impossibilité pour Heidegger de penser la Shoah
04:45:35 La Purification de l'Être (traduction d'Alexandre Schild) et l'auto-annihilation du monde
04:49:20 Nazisme et Antéchrist, la dialectique de l'antagonisme appliquée aux Juifs
04:53:10 Inaptitude de Heidegger à penser la spécificité du Dieu juif
04:56:00 Défiguration du judaïsme en Occident
04:58:30 Vocabulaire de l'auto-extermination, le mot "Gesetzt"
05:04:00 La "faute de la pensée" de Martin Heidegger selon Martin Buber
05:10:25 Comprendre autrement
"La grâce de l'arc-en-ciel, c'est qu'il n'existe pas."
Voici ci-dessous le texte complet de la fresque murale que j'ai composée dans le cadre du festival a-part présidé par Leïla Voight, au Silo Alpilles-Céréales à Saint-Étienne du Grès:
La grâce de l’arc-en-ciel, c’est qu’il n’existe pas. Nul corps céleste n’atteste ce météore éphémère. Aucune constellation ne signale son sillage de satin. Le reflet bigarré de sa courbure n’est l’orbite d’aucune comète. Combien de couleurs déploie-t-il ? Trois, prétendit Aristote ; quatre, affirma Plutarque ; six, déclara Descartes ; sept, inventa Newton en y incrustant l’indigo ; cent cinquante, assène la dioptrique moderne qui pulvérise toute poésie à grands coups de calculs. Trêve de sinus ! fi des cosinus ! les nuances de cette hyperbole de vapeur sont si délicatement hallucinatoires qu’on en méconnaîtra toujours le nombre exact. Inutile d’espérer approcher l’arc-en-ciel au moyen d’une lunette, de jumelles, d’un télescope : aucune machination n’en arrime le mirage. L’évanescence de l’arc déjoue les cogitations incolores des savants et des philosophes. Découragé d’en percer le prodige, Spinoza jeta son Traité de l’arc-en-ciel dans les flammes. « Qui, dans l’arc-en-ciel », écrit Herman Melville, « peut marquer l’endroit où finit le violet et où commence l’orange. Nous voyons distinctement la différence des couleurs, mais où exactement l’une commence-t-elle à se mêler à l’autre ? Ainsi de la raison et de la folie. » L’arc-en-ciel n’est pas seulement admirable, il émerveille le questionnement. L’insaisissable essence de son liseré bariolé parle à la pensée. « Pareille à l’arc-en-ciel immatériel », écrit Hugo von Hofmannsthal, « notre âme est tendue par-dessus l’irrépressible éboulement de l’existence. » La diaphane polychromie de l’arc paraphe un pacte paradoxal entre le Soleil et la Pluie. Qui entend l’étudier commence par tourner son dos au souverain de tout flamboiement. Il lui faut ensuite scruter sans contracture le pâle souvenir des gouttelettes prismatiques d’une imperceptible pluie qui n’est déjà plus – Bossuet, Jacques-Bénigne de son prénom, qualifiait cette brume merveilleuse de « bénigne rosée ». Alors naissent mille méditations sur cette majestueuse parabole qui diffracte avec douceur l’intarissable incandescence du roi des luminaires. L’homme peut bien envahir la Lune et coloniser Mars, jamais il ne brevètera l’arc-en-ciel. Nulle nation n’en gère le monopole, aucune horloge n’en prédit le moment opportun. La gloire de l’arc, c’est sa gratuité. L’arc-en-ciel n’apparaît que pour toi, ici, maintenant, en cet interstice de l’Espace et du Temps où, par hasard, tu te tiens. Dans votre fugace face-à-face, ce n’est pas toi qui dévisages l’arc-en-ciel ; c’est lui qui te désigne comme l’unique au monde et te lance son défi de le déchiffrer. Les Grecs y virent un pont tracé par les pieds d’Iris, messagère des dieux, entre l’Olympe et les mortels. Les Dogons la trace du Bélier céleste après qu’il a ensemencé le soleil et uriné la pluie. Au Japon c’est un serpent que personne n’oserait montrer du doigt de crainte d’en être mordu. Pour les pygmées Mbuti, l’arc est composé de deux serpents que tient en main Khonvoum, le dieu de la chasse. Au large de Sumatra « les indigènes de Nias », rapporte James Frazer, « tremblent à la vue d’un arc-en-ciel ; ils croient que c’est un filet tendu par un puissant esprit pour attraper leur ombre. » Selon les Inuits, l’arc est l’ourlet radieux de l’anorak des dieux. L’arc-en-ciel est une créature herméneutique, un phénomène d’interprétation. C’est une convocation multicolore destinée à tout-un-chacun, sans exception, à l’œil nu comme aux jours de la Création. Dans la Genèse, l’arc-en-ciel succède au Déluge pour signaler l’alliance entre Dieu, Noé, et l’humanité que le capitaine de l’arche animalière a pour destin d’enfanter. Par l’arc, promesse divine est faite à toute la terre, aux hommes comme aux animaux, de ne plus songer à les exterminer. Rien de plus universel que l’arc-en-ciel, et rien de plus singulier non plus. Symbole transitoire d’une pure Présence, sa splendeur sans apprêt te lance un chant discret depuis « le calme pays de la beauté » qu’évoque Hölderlin. Ainsi rien ne semble mieux définir l’arc-en-ciel que cette notion de la beauté d’Elias Canetti : « Il y a dans la beauté quelque chose de très intime mais reculé très au loin, comme si jamais il n’y avait pu avoir d’intimité… Le beau a toujours quelque chose de fuyant, quelque chose qui se dérobe. Il se trouvait là un moment, et puis longuement il est tout au loin ; on n’ose alors plus espérer le voir à nouveau et ce n’est qu’à l’improviste qu’on le retrouve. »
Stéphane Zagdanski
Annonces pour la rentrée
Je réfléchis à la manière dont le Séminaire se poursuivra après l'été, et aux thématiques abordées.
Il est probable que je ne ferai plus de séances bimensuelles en direct, mais plutôt des séances mensuelles, enregistrées d'avance, sans besoin de s'inscrire au préalable pour disposer du lien YouTube.
Le Séminaire deviendra donc entièrement gratuit, mais il sera toujours possible et souhaitable de le soutenir (soit régulièrement soit occasionnellement) en passant par le site Tipeee : https://fr.tipeee.com/laggg
J'envisage aussi de publier le Séminaire en 2022.
Les thématiques de la rentrée, auxquelles je réfléchis encore, seront plausiblement :
Réflexions sur l'idéologie sanitaire
Réflexions sur l'antisionisme
Réflexions sur les animaux
Réflexions sur les génocides des Temps Modernes
Réflexions sur le Cinéma (d'après mon essai La mort dans l'œil)
Bonne fin d'été à tous, à bientôt.
S. Z.