On a donc, concernant l’antisionisme, une sorte de Janus bifrons, de monstre à double face : d’une part, un discours fragile intellectuellement, celui de l’antisionisme militant qui se cherche avec peine une virginité intellectuelle pour se dissocier autant qu’il peut de l’antisémitisme vociférant – lequel augmente partout, en propos et en actes de violence, d’ailleurs en partie aussi à cause de la vulgate antisioniste qui présente tout Israélien comme un tueur d’enfants et le bourreau atavique de victimes innocente, et tout Juif comme un complice virtuel de cette chimère fantasmée, et dont bien des traits ressortissent à tous les poncifs de l’antisémitisme traditionnels.
Le résultat de ce bourrage de crâne antisioniste, c’est un Mohamed Merah :
Wikipédia : « Un attentat au collège-lycée juif Ozar Hatorah situé rue Jules-Dalou dans le quartier de La Roseraie au nord-est de Toulouse a lieu le 19 mars 2012 vers 8 h.
Un homme qui porte une caméra sanglée sur la poitrine arrive devant l'école à bord d'un scooter. Il descend de son véhicule et ouvre immédiatement le feu en direction de la cour d'école. La première victime est un rabbin et professeur de l'école, Jonathan Sandler, âgé de 30 ans, abattu en dehors de l'école alors qu'il essaie de protéger du tueur ses deux jeunes fils, Gabriel, 3 ans, et Arié, 6 ans, en levant ses mains nues. Les caméras de vidéosurveillance montrent que le tueur assassine l'un des enfants alors qu'il rampe à terre aux côtés des corps de son père et de son frère. Il entre ensuite dans la cour d'école et poursuit Myriam Monsonégo, la fille du directeur de l'école, Yaakov Monsonégo, âgée de 8 ans, lui tire dans l'épaule puis l'attrape par les cheveux ramassés en queue de cheval et pointe son pistolet qui s'enraie à ce moment d'après les caméras de vidéosurveillance. L'assassin change alors d'arme, passant de ce que la police identifie comme un pistolet 9 mm Parabellum à un de calibre .45 ACP et tire dans la tempe de la fillette à bout portant. Il s'enfuit ensuite à scooter. Durant l'attaque, le tueur blesse grièvement Aaron « Bryan » Bijaoui, âgé de 15 ans et demi, qui sera hospitalisé jusqu'au 12 avril. »
Le discours antisioniste militant a d’autant plus d’adeptes aujourd’hui dans toutes les universités et milieux de gauche et d’extrême-gauche partout dans le monde qu’il est de moins en moins crédible et structuré intellectuellement, et que les mensonges et les dissimulations des antisionistes sont plus manifestes.
En voici une illustration toute fraîche, à l’heure où j’écris ceci (2 mai 2023), vient de mourir dans les prisons israéliennes suite à une grève de la faim que nul ne lui a imposée (il a refusé les soins proposés par l’administration israélienne), Khader Adnan.
Immédiatement, toute la sphère antisioniste bon teint partage sur Twitter les annonces navrées des sites israéliens de gauche anti-gouvernementaux, ce que Thomas Vescovi qualifie (de gauche israélienne arabo-juive et non sioniste) :
Et voici une courte vidéo qui remet es pendules djihadistes à l’heure…
Le personnage principal de la séance sera l’antisioniste en chef en France, que j’ai surnommé le « chantre de l’antisionisme », puisque c’est la signification de son nom de famille en hébreu. Hormis son rôle de propagandiste en chef, il est par ailleurs représentatif des nombreux intellectuels antisionistes français qui sont, pour une bonne part, d’origine juive – alors que l’immense majorité des intellectuels musulmans sont monolithiquement antisionistes. C’est une singularité qui mérite d’être interrogée, ce que je vais précisément faire aujourd’hui avec le cas d’Éric Hazan.
Je cite en vrac des figures notoires des milieux antisionistes, comme Éric Rouleau, Sylvain Cypel, Alain Gresh, Eric Hazan, Dominique Vidal, Jean Stern, Pierre Stambul, Michel Warschawski, Rony Brauman, et en Israël même des gens comme Shlomo Sand, Eyal Sivan, ou Ilan Pappé (ces deux derniers vivant en dehors d’Israël désormais), ainsi, aux États-Unis, que Noam Chomsky ou Norman Finkelstein...
L’une des premières raisons de cet étrange paradoxe, est que le discours antisioniste au sens propre – c’est-à-dire opposé, pour des raisons théoriques, à l’existence d’un État juif (et dont le militantisme propalestinien n’est qu’une annexe spectaculaire consistant à présenter les Palestiniens comme de pures victimes d’Israël depuis la « Nakba », leur faisant endosser le grossier costume de nouveaux « Juifs » persécutés et opprimés par de nouveaux « nazis »…) –, ce discours est profondément indigent (sur le plan intellectuel et historique ; il ne peut se maintenir qu’à occulter des pans gigantesques de l’histoire de la région) ; or, sur le fond de cette indigence intellectuelle, ceux qui s’en sortent encore le mieux sont les Juifs antisionistes, soit ceux qui fournissent le matériau intellectuel le moins bas de gamme (celui qui ne verse pas dans un antisémitisme grossier, comme c’est souvent le cas chez les antisionistes musulmans par exemple).
On a donc à la fois, au niveau intellectuel, une plèbe de l’antisionisme qui a le plus grand mal à ne pas éructer son antisémitisme atavique dès qu’elle en a l’occasion (fidèle en cela à l’antisionisme musulman depuis les débuts du sionisme), comme il y a quelques jours à Berlin :
https://twitter.com/srodan/status/1645124449094467584?s=20
Cet antisionisme-là nuit évidemment aux prétentions intellectuelles du discours propalestinien et antisioniste universitaire, lequel a dès lors recours assez naturellement au cache-sexe des plus virulentes critiques de l’État d’Israël en Israël même (comme celles du journal Haaretz et des organisations israéliennes de défense des Palestiniens, B’tselem ou Breaking the Silence, lesquelles, je le répète, peuvent être en soi parfaitement légitimes, ou pas, il faut examiner chaque stituation au cas par cas) ou parmi les Juifs antisionistes de France et d’ailleurs, qui servent à redorer le blason peu reluisant de l’antisionisme conventionnel, tout en étant pour leur part indigents dans leurs discours concernant l’antisémitisme même (exemple Alain Gresh, ou le livre d’Hazan et Badiou).
Audio Hazan La Fabrique et la Palestine.mp4
Ainsi, aux seules Éditions de la Fabrique, fief de l’antisionisme français, dans la rubrique « Proche et Moyen-Orient », sur 31 titres, 12 ont été écrits par des Juifs, dont Éric Hazan, le propriétaire de la Fabrique.
Le nœud du problème, qui empêche le discours antisioniste ou même propalestinien d’avoir une assise intellectuelle indiscutable (comparable à celle du sionisme, utopie née en réponse aux persécutions antisémites en Europe : ce qui est indiscutable, historiquement et intellectuellement), c’est le fondement antisémite du refus arabe depuis toujours jusqu’à aujourd’hui :
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Stéphane Zagdanski pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.