Voici ce qu’écrit Mopsik en introduction du Zohar sur les Lamentations1:
« Si le principe premier demeure insondable et inconnu, n'a pas de nom propre et échappe à la saisie intellectuelle, ce caractère se répercute de façon essentielle et déterminante sur l'ensemble de ses émanations et de ses manifestations. Celles-ci sont, dans leur fond constitutif, parfaitement mystérieuses et inaccessibles; ce qui se révèle, ce n'est jamais elles en tant que telles, mais leur non-manifestation, le fait que jamais elles ne se révèlent. Les dix séfirot ne sont pas des émanations de l'inconnu au sens où celui-ci se mettrait à rayonner une lumière à partir de son obscurité. C'est là une manière impropre de résumer la conception du Zohar, qui la trahit autant sinon plus qu'elle ne la traduit. Les quelques textes du Zohar qui traitent de la phase primordiale de l'émergence des séfirot utilisent une image et une seule, celle de la gravure; c'est en creux ou comme des creux que les séfirot s'inscrivent au tout début de l'émanation. Elles ne surgissent pas hors du Néant divin: elles y sont des trous, des manques. Elles ne manifestent pas un Dieu inconnaissable, elles délimitent les strates de son inconnaissance. Elles désignent une à une toutes nos ignorances en donnant forme à l'Inconnu. C'est pourquoi elles ne sont pas des objets de pensée pour les cabalistes et encore moins des concepts. Elles sont les dix manifestations de notre ignorance au sujet de l'Infini. De la première à la dernière, elles décrivent l'étendue du néant de notre savoir en même temps que du Néant divin. Connaître ces dix émanations c'est connaître précisément les limites de notre connaissance relative à la divinité. Et c'est là la plus vaste des entreprises de l'intelligence: sonder le fond obscur de l'Infini dans les creusets par où il échappe à notre entendement. »
Voici comment cela se formule dans le texte même du Zohar :
« ‘‘Au commencement’’. Rabbi Éléazar expliqua : ‘‘ Levez les yeux vers les hauteurs et voyez Qui a créé Cela » (Isaïe 40, 26) :
Dans quelle direction faut-il lever les yeux ? Vers le lieu auquel tous les yeux sont suspendus et qui est ’’L’ouvreur des yeux’’ <Petah’ Eynaïm qu’on peut aussi entendre comme « l’ouvreur ou l’ouverture des sources »>). »
Cette expression est tirée d’une formule du Midrach Rabbah en commentaire de l’histoire de Tamar et Juda, en Genèse 38, 14 : Tamar, femme non juive, est l’épouse du fils aîné de Juda, Er ; or celui-ci meurt à cause de sa méchanceté. Le second fils de Juda, Onan, refuse de prendre le relais de Er en épousant Tamar conformément à la loi du Lévirat, le Yiboum, et se masturbe pour ne pas avoir à féconder Tamar, et en est châtié de mort. Juda promet alors à Tamar que son plus jeune fils, Chela, l’épousera quand il sera grand. Or il oublie sa promesse, et Tamar, par un stratagème prostitutionnel, va faire en sorte que Juda lui-même lui fasse un enfant sans la reconnaître, ce seront deux jumeaux : Peretz et Zerah’, le premier deviendra l’ancêtre du Roi David et du Messie Fils de David (et de Jésus de Nazareth par conséquent selon les Chrétiens)!
Vous voyez comme cette histoire de masturbation et de prostitution a des conséquences théologiques considérables.
Voici maintenant le commentaire du Midrash Rabbah :
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