"D'où parles-tu ?" ou l'impossible neutralité (De l'antisionisme 2) (3)
42ème séance, 28 juin 2022
Vidéos en arabe de Capitaine Ella qui dans un combat de Krav Maga réglementaire balaierait l’antisioniste Houria Boutjeda d’un revers du petit doigt…
Tous les deux (Yossef Hadad et Captaine Ella) sont réunis ici où Ella parle de sa propre source, l’Islam, et c’est très intéressant:
Dans l’autre camp, la propre source est souvent plus dissimulée. Cas caricatural des multiples condamnations d’Israël à l’ONU (cf. tableau de 2018).
C’est une constante depuis très longtemps, avec des condamnations du sionisme comme équivalent substantiellement à un racisme, depuis 1975 avec la résolution 3379 de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui reprenait les termes de la Conférence mondiale de Mexico à l’occasion de l’année internationale de la Femme (juin 1975), considérant que : « la coopération et la paix internationales exigent la libération et l’indépendance nationales, l’élimination du colonialisme et du néocolonialisme, de l’occupation étrangère, du sionisme, de l'apartheid et de la discrimination raciale sous toutes ses formes, ainsi que la reconnaissance de la dignité des peuples et de leur droit à l'autodétermination » ; les termes de la Conférence de l’Organisation de l’Unité Africaine à Kampala en juillet 1975, affirmant « que le régime raciste en Palestine occupée et les régimes racistes au Zimbabwe et en Afrique du Sud ont une origine impérialiste commune, constituent un tout et ont la même structure raciste, et sont organiquement liés dans leur politique tendant à la répression de la dignité et l’intégrité de l’être d’humain » ; et enfin la Conférence des Ministres des Affaires Étrangères des Pays Non Alignés à Lima en Août 1975 « qui a très sévèrement condamné le sionisme comme une menace à la paix et à la sécurité mondiales et a demandé à tous les pays de s’opposer à cette idéologie raciste et impérialiste » ; en est arrivée à la conclusion que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale. »1
On a aujourd’hui encore des considérations un peu surréalistes, comme lorsque la Corée du Nord prend parti pour les Palestiniens :
Le problème en l’occurrence n’est pas de prendre parti. Il est de se croire objectif et neutre en le faisant, ce qui est un peu le travers des idéologues antisionistes (les sionistes n’ayant aucun mal à avouer leur subjectivité émotionnelle). Pour le dire autrement, qu’un musulman algérien ou pakistanais se sente solidaire des musulmans palestiniens, et qu’il adopte un discours et une vision antisioniste, c’est en quelque sorte la moindre des choses. Mais ce qu’il faut remettre en question, c’est la passion (médiatiquement alimentée) suscitée par ce conflit-là au détriment de tous les autres, au point que ce musulman non palestinien (ou cet étudiant libéral d’une université nord-américaine) s’intéresse exclusivement au malheur des Palestiniens sous prétexte de solidarité musulmane, négligeant tous les autres musulmans malheureux du monde par la faute d’autres musulmans, faisant oublier ainsi que le conflit entre Israël et les Palestiniens est un des moins meurtriers qui soient, comme le rappellent Pascal Boniface
ou Henry Laurens qui expliquait en 2013 dans une conférence à l’Université de Genève que le conflit en Syrie avait causé plus de morts en deux ans que le conflit israélo-palestinien en cinquante :
…, de sorte que l’on ne saurait expliquer par son atrocité (modérée en somme) les passions tout à fait hors de mesure que ce conflit suscite – en comparaison d’à peu près tous les autres.
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