La séance d’aujourd’hui et la suivante seront consacrées à méditer sur la notion de santé, pour clôturer le cycle sur le Sanitarisme entamé en septembre dernier.
Je vous rappelle à cette occasion que les cycles des séances du Séminaire sont classés par playlists sur YouTube, et que l’on peut ainsi se concentrer sur les 6 séances déjà consacrées à ce que j’ai appelé (peut-être d’autres l’avaient-ils fait avant moi, je ne sais…) le Sanitarisme1.
Mon esprit zigzagant m’a amené à intercaler dans ce cycle, qui s’achèvera avec la prochaine séance, plusieurs longues séances consacrées à la Cybernétique, qui sont également regroupées en une playlist sur YouTube2.
Je l’ai dit plusieurs fois, les deux thèmes – le Sanitarisme et la Cybernétique – sont consubstantiellement liés.
Cela ne constitue aucun secret, et les GAFAM se vantent ouvertement de s’occuper de la santé universelle, comme cela apparaît nettement dans un excellent documentaire diffusé récemment sur Arte, intitulé « Votre santé, un trésor très convoité »3, qui analyse la mainmise colossale des GAFAM sur les données de santé de l’ensemble de l’humanité, et de ce que cela signifie y compris concernant la manière dont ces transhumanistes milliardaires envisagent l’avenir de leur propre domination sanitaire et médicale.
Le “Sanitarisme” désigne sous ma plume l’idéologie sanitaire contemporaine. Elle apparaît peu ou prou avec la révolution industrielle et les Temps Modernes (Foucault en retrace les sources jusqu’au XVIIIème siècle). Disons, pour lui donner une date de naissance officielle, qu’elle coïncide avec la politique de « santé publique » (je mets cette expression entre guillemets tant elle frise l’oxymore à de nombreux égards) définie par l’O.M.S. en 1952 comme : « l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique <je souligne> des individus, par le moyen d’une action collective concertée »4.
Je parle d’une idéologie sanitaire parce qu’il s’agit de la représentation dogmatique (non soumise à discussion) qu’un groupe se voit collectivement intimer de sa bonne santé et, du coup, corrélativement, de sa mauvaise santé. Le confinement, par exemple, est une décision typiquement sanitariste, qu’aucun fait de science ne corrobore et dont on se demande même aujourd’hui s’il n’a pas augmenté les cas de contamination plutôt qu’il ne les a évités.
Cf. Johann Chapoutot dans La surrection de l’archaïque, article paru sur le site La pensée écologique5 :
« L’évidence de l’expérience s’imposait à tous : nous étions prisonniers d’une ingénierie sociale de masse, d’une mesure inédite pour notre temps, et vivions une forme de régression. Si la modernité avait été marquée par la mobilité – qu’elle fût sociale, au moment où la Révolution nous avait émancipés du fixisme de la naissance et des ‘‘ordres’’, ou géographique, par la révolution des transports – le Grand Renfermement de 2020 marquait un retour en arrière stupéfiant. En matière de santé publique, on avait choisi le plus archaïque, le plus barbare, et le plus bête. Contre une logique de lazaret, qui eût commandé d’identifier, d’isoler et de soigner les malades, on imposa, dans la panique et la pénurie, la quarantaine générale et absolue, soit la pire des solutions à l’exception de toutes les autres – toutes celles que, pour de multiples raisons, le système de santé, désarmé au préalable par les politiques néo-libérales et le managérialisme, était incapable de mettre en œuvre. »
On sait en outre aujourd’hui que le confinement est l’éléments d’une pure doctrine biopolitique venue des États-Unis, dont l’auteur est Richard Hatchett, président du CEPI, Coalition for Epidemic Preparedness Innovations, comme l’enseigne le Manifeste conspirationiste :
« Épidémiologiste du Homeland Security Council sous Bush et Obama ; c’est lui qui a conçu et imposé en février 2007 aux CDC <Center for Disease Control > américains, avec le soutien de l’administration néoconservatrice d’alors, la nouvelle méthode médiévale de gestion des épidémies par confinement, fermeture des écoles et suspension de l’essentiel des rapports humains. La distanciation sociale c’est lui. Depuis 2017, il est le patron de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) – une organisation créée à Davos avec les subsides de la fondation Gates et du Wellcome Trust pour investir dans des méthodes de vaccination ‘‘innovantes’’. Cette coalition fournit une bonne occasion aux membres de l’OMS, des grands laboratoires pharmaceutiques et de la DARPA pour se retrouver. En mars 2020, Hatchett jugeait dans une interview que ‘‘la guerre est une analogie appropriée’’ contre un virus qui ‘‘est la plus effrayante maladie que j’ai rencontrée dans ma carrière, qui inclut Ebola, le MERS, le SARS’’. Quelqu’un de fiable, en somme. »6
L’entretien de la panique dans la population (contredite en permanence par une réalité que nul ne semble plus prendre en considération) fait partie intégrante de la doctrine, au point qu’un magazine américain prévient que le prochain covid pourrait être si parfaitement indétectable qu’il est peut-être déjà là sans que nul ne s’en soit rendu compte. Ce qui suscite l’ironie d’un technophile israélien, le Dr Eli David sur Twitter :
On peut voir sur la photo ci-dessous (postée sur le site du CEPI) le lancement très officiel du CEPI à Davos en 2017 sous l’égide du WEF et de la Fondation Gates. On reconnaît Bill Gates et quelques autres de ces merveilleux bienfaiteurs de l’humanité à qui vous êtes redevables des deux délicieuses années passées, entre confinement, vaccination expérimentale et QR-code à tous les étages… (Je pratique systématiquement l’ironie désormais pour gruger un tant soit peu le sourcilleux algorithme de YouTube).
La coalition de cette doctrine biopolitique paranoïaque délirante avec la Cybernétique l’est de son propre aveu. Ce qu’elle ne dira pas, c’est qui précède qui de l’œuf cybernétique ou de la poule sanitariste. Cette doctrine consiste en effet à vacciner d’avance toute l’humanité contre des virus inconnus qui pourraient surgir n’importe quand et n’importe où – et ce d’autant plus que ces mêmes Mengele globalisés produisent de tels virus, les étudient et les manipulent dans les nombreux laboratoires P4 répartis sur la planète (on s’est aperçu récemment qu’il en existait même en Ukraine !).
Sur le site du CEPI, on peut ainsi lire la description de ce qu’ils nomment leur approche7 (page « why we exist », chapitre « our approach »), et le rôle majeur de la cybernétique n’y est nullement occulté:
« Tout d'abord, la CEPI fera progresser les vaccins contre les menaces connues grâce à des tests de validation et d'innocuité chez l'homme <raté ! on commence à connaître tous les trucages, les mensonges et les falsifications de Pfizer qui ont abouti à un vaccin inefficace et dont les effets secondaires, censurés par Pfizer en raison de la préservation du secret industriel, commencent seulement à être révélés et connus> et constituera des stocks de vaccins expérimentaux avant le début des épidémies - "juste au cas où" <ça promet !>.
Deuxièmement, nous financerons des plates-formes technologiques nouvelles et innovantes susceptibles d'accélérer le développement et la fabrication de vaccins contre des agents pathogènes inconnus jusqu'alors (par exemple, dans un délai de 16 semaines entre l'identification de l'antigène et la mise sur le marché du produit pour les essais cliniques) - " juste à temps ".
Troisièmement, la CEPI soutiendra et coordonnera les activités visant à améliorer notre réponse collective aux épidémies, à renforcer les capacités des pays à risque et à faire progresser la science réglementaire qui régit le développement des produits. »
Ce beau programme issu tout droit du « mode de pensée biologistique » <die biologistische Denkweise> dénoncée dès avant-guerre par Heidegger dans les Beiträge, et qui n’a plus rien de théorique ni d’abstrait puisqu’il a été appliqué un peu partout à la lettre à partir de mars 2019, est donc aussi intrinsèquement cybernétique qu’il est capitaliste (on peut en lire une analyse critique sur le site belge Kairos dans un article intitulé« La course aux milliards du Covid-19 »daté du 22 octobre 20208) – et logiquement, puisqu’il a la prétention totalitaire de gérer le « au cas où » et le « juste à temps », ce programme ne saurait se passer d’une collaboration en aval avec ce qui le motive en amont.
Il faut lire dans le Manifeste conspirationniste le très instructif passage consacré à la doctrine de la Pandemic Preparedness, et à la récupération de la nébuleuse et fantasmatique notion de « risque » par le biopouvoir technocapitaliste :
« En confondant risque et danger, en chargeant toute possibilité fictive de désastre d'une intentionnalité maléfique, on abolit virtuellement toute limite aux menées du pouvoir. Il suffit de produire la fiction adéquate – celle qui permet d'arguer de la vulnérabilité voulue du système, contre laquelle il convient de lutter en outrepassant justement l'obstacle légal, moral ou politique que l'on souhaitait balayer. Et cela est sans fin car, si l'on peut neutraliser un danger, on ne peut jamais abolir un risque, dont le caractère est statistique, virtuel, impalpable. À l'irréalité du monde de fictions gouvernementales dans lequel nous sommes entrés font pendant les progrès bien réels du contrôle.
De la lutte fantasmatique contre le risque découlent les empiétements toujours plus intrusifs des dispositifs adverses. »
(À suivre)
Cité dans Marzano, Michela. « Foucault et la santé publique », Les Tribunes de la santé, vol. 33, no. 4, 2011, pp. 39-43. https://doi.org/10.3917/seve.033.0039
Op. cit. p.75-76