Séance en vidéo et audio complète (avec commentaires et éclaircissements non reproduits ici):
Vidéo
Audio
Le hasard a voulu que me tombe tout cuit dans le bec il y a quelques jours une sorte d’incarnation monstrueuse jusqu’à la caricature de ce sur quoi je tâche de méditer depuis la première séance de ce Séminaire. Tout ce que j’évoque sous l’appellation d’Animosité, parfois allusivement et abstraitement, concernant l’époque : la haine de la pensée, la haine de la Parole, la haine du Temps, la haine du Dieu de la Bible, la haine de la Beauté, la haine de « ce que peut un corps » (Spinoza), la haine de la Vie, tout cela s’est exhibé comme par magie jusque dans ses plus sordides détails dans les propos et les mimiques d’un grotesque bonhomme Michelin de la Machenschaft, un gigotant Goebbels du Gestell, l’homme-sandwich de l’arraisonnement de la Technique, le trépidant Göring de l’Algorithme qui rend libre démontre à l’ouïe et à l’œil nu l’imparable lucidité de la phrase de Lacan que j’ai déjà citée plusieurs fois : « Les nazis étaient des précurseurs ».
La domination s’incarne dans des corps particuliers, je veux dire dans des carcasses taraudés par leur propre perversion, toujours. Comme il y a une physionomie incarnée de la grâce, au sens spirituel, il y a un recroquevillement de l’âme des disgraciés palpable dans les traits de leurs visages.
Dans le documentaire The Big One de Michael Moore, il y a une séquence très drôle sur le milliardaire Steve Forbes qui ne cligne jamais des yeux, au point que Moore en conclut qu’il ne peut être qu’un extra-terrestre !
Et dans le documentaire We feed the World, de Wagenhofer, on a le pdg de Nestlé, expliquant en allemand, d’un ton glacial de concierge de Lager, en quoi il est favorable à la privatisation de l’eau potable.
Le faciès de ces gens-là parle autant que leur gosier, pour la raison qu’ils sont marionnettés par leur propre cadavre. La logique du nihiliste est celle de la zombification : le zombie a besoin de convertir à sa morbidité le maximum d’adeptes.
J’en viens à un nouveau Göring de l’Algorithme.
C’était à l’occasion d’une entrevue sur le media en ligne QG1, fondé et dirigé par une amie de vingt ans, Aude Lancelin, avec François Meyronis, un ami aussi de vingt ans, et un troisième personnage, un Numéricain dont on peut difficilement ne pas avoir entendu parler, et dont j’avais bien entraperçu la délirante mégalomanie technophile mais aux crétins propos duquel je n’avais jamais accordé de véritable attention. Curieux de ce qu’allaient échanger mes deux amis parisiens, j’ai suivi cette émission de plus d’une heure, découvrant avec une jouissive consternation tous les tics du gaga du Big Data, qui commence par donner sons avide avis sur le Covid.
LANCER LA VIDÉO, s’arrêter au premier lapsus sur le chiffre des morts
On découvre le style pseudo-raisonnable du personnage qui mâchonne les millions de morts comme un chewing-gum sans goût, et qui n’en porte pas moins son inconscient en bandoulière. C’est rassurant en quelque sorte : tous les ordinateurs connectés du monde ne pourront jamais éviter aux plus trépignants exaltés de l’androïdisme d’avoir une immaîtrisable arrière-boutique.
Quant au cadavre dans le placard – ou plutôt le zombie dans le disque dur de cet Oberschtroupmführer (je dis « schtroumpf » parce qu’il y a un aspect bouffon du carnassier difficilement évitable) – n’est pas compliqué à dénicher : tout est sur sa fiche Wikipédia : « Fils de dentistes et frère d’une psychiatre — il a également eu un frère aîné qu’il n’a pas connu, mort à l’âge de deux ans après avoir avalé un produit toxique dans le cabinet familial »
Vidéo jusqu’à « est quelque chose de bouleversant »
Il suffit de fouiner un peu sur internet pour dénicher ce qui motive vraiment, au fond, l’homo çapionce deus. Figurez-vous que, comme Badiou et beaucoup d’autres, son casier judiciaire en crétinerie est loin d’être vierge, sous la forme d’un roman grotesquement darwinien, eugéniste, raciste et où il dévoile tous ses fantasmes érotiques de vestiaire sportif.
Je signale une étude critique de ce roman par Gaïa Lassaube disponible sur internet, parue en 2019 dans la revue Zilzel aux édition du Croquant2, intitulée : « Cassandre appelant de ses vœux la catastrophe : quand Laurent Alexandre écrivait de la science-fiction. » Il faut lire toute l’étude de Gaïa Lassaube pour constater comme le roman ne dissimule rien de la crapulerie mentale de son auteur. Gaïa Lassaube cite de nombreux extraits de cette merde de 333 pages parue en 2013, dont le titre était : Adrian, humain 2.0, et qui fut encensé à l’époque par Libération . Faut-il s’en étonner, les journalistes sont toujours les premiers et les plus fervents adhérents à la rhétorique de la perversion dominante – on le constate tous les jours que perdure la pandémie.
Extrait jusqu’à « pendant des milliards d’années »
Évidemment la sous-pensée soumise au Big Data ne recule devant aucune énormité, la haine du temps s’exprimant chez ces gens-là par des fantasmes farfelus et stupides sur le « Reich de mille ans », ou les « milliards d’années » pendant lesquelles l’humanité n’aura qu’à se turlupiner les neurones artificiels.
On songe à la rencontre de Cravan et d’André Gide, le premier demandant au second : « M. Gide, où en sommes-nous avec le temps ? » et l’autre lui répondant qu’il était « six heures moins un quart ».
Il faut savoir entendre, sous la surface de ce qu’il dit et proclame, ce que Artaud appelait « la voix reversée et basse » :
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