Film sur la télévision en 1947. Prédiction du smartphone et de la communication politique…
Commençons aujourd'hui par examiner l'idée du génocide, qui ne se réduit pas au massacre ni au chiffre des morts. La raison en est que le génocide est toujours d'abord une idée, qui en tant que telle précède son application.
C'est un des enseignements les plus féconds du rouleau d'Esther (qui tourne d'abord autour des thèmes du désir libidinal, de la dépense, de la profusion, de la royauté symbolique, du ressentiment…), lequel médite le plan d'extermination du peuple juif par Haman, le grand vizir d'Assuérus (c'est-à-dire Xerxès Ier – né vers -519 mort vers -465): le massacre s'y déploie avant tout comme projet avant d'être une réalité. Trois synonymes conjoints désignent l'extermination dans le texte, en Esther 3, 131: לְהַשְׁמִ֡יד לַהֲרֹ֣ג וּלְאַבֵּ֣ד אֶת־כָּל־הַ֠יְּהוּדִים.
Ces trois termes reviennent à plusieurs endroits du texte, y compris après le retournement lorsque les mêmes termes sont repris pour indiquer la vengeance des Juifs contre tous ceux qui menacent de les exterminer, en Esther 8, 11: "Par ces lettres, le roi donnait aux Juifs, en quelque ville qu’ils fussent, la permission de se rassembler et de défendre leur vie, de détruire, de tuer et de faire périr avec leurs petits enfants et leurs femmes, tous ceux de chaque peuple et de chaque province qui prendraient les armes pour les attaquer, et de livrer leurs biens au pillage."
Shamad, harag et abad
Le rouleau d'Esther est fondé sur le renversement symbolique – sur ce que l'aversion comporte d'inversion, à tous les sens du terme, y compris libidinal ! –, sans que la symétrie soit intégrale (par exemple ni Esther ni Mardochée ni les Juifs ne sont intéressés par l'argent et les richesses qu'on leur propose, à la différence de Haman…).
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