Alors, qu’est-ce que le judaïsme, et que sont – et qui sont – les Juifs ? Pour y répondre en toute objectivité, il suffit en vérité de quelques semaines de lecture assidue. Commencez, par exemple, par l’intégralité du Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme1 (traduit de The Encyclopaedia of Judaism, paru à Jérusalem en 1989 et en français en 1996), depuis la notice « Aaron » jusqu’à « Zunz » (Leopold) ; ajoutez-y l’annexe de 350 pages intitulée Esquisse de l’histoire du peuple juif qui raconte l’histoire d’Israël depuis les H’abirou cannanéens, à partir de la deuxième moitié du IIème millénaire (avant l’ère chrétienne), jusqu’aux années 1990 en Israël, lorsque le parti travailliste est repassé au pouvoir et qu’on s’imaginait que la paix allait enfin se conclure avec les Palestiniens…
Ajoutez-y les quatre volumes de la monumentale Histoire de l’antisémitisme de Léon Poliakov2, la précieuse Histoire du sionisme en deux volumes de Walter Laqueur et les passionnantes 1000 pages de l’Histoire intellectuelle et politique du sionisme (1860-1940) de Georges Bensoussan3, et vous commencerez d’avoir une bien meilleure idée de ce que sont et de qui sont les Juifs, que tous ceux qui se sont exprimés sur leur compte depuis 2000 ans sans jamais savoir de quoi ils parlaient.
Et du coup, la première question qui s’induit de toutes les autres, et à laquelle nul ne songe non plus, c’est : Est-ce que par hasard les Juifs eux-mêmes n’auraient pas répondu quelque part à la question des questions : « Qu’est-ce qu’être juif ? ». Et bien si, figurez-vous. C’est dans le Choulh’an Aroukh, le recueil traditionnel des codifications et des coutumes juives4 : « Trois traits caractérisent les Juifs : ils sont réservés, ils sont pleins de pitié, ils pratiquent la charité. »
Ces « caractéristiques » sont un condensé d’une prière quotidienne que récitent les Juifs pieux le matin, composée du début de la michna Peah à quoi s’ajoutent quelques lignes de la page 127a du traité Shabbath du Talmud de Babylone. Cette prière énumére tout ce qui ne se peut compter, l’incommensurable à quoi se reconnaît un bon Juif :
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