La traduction littérale de Chouraqui nous projette immédiatement dans une autre dimension : « Roule ta route vers IHVH-Adonaï, fie-toi à lui, il agira. »Vebes bara “créer”, et barah “couper“ selon le Gesenius
Ensorcelé par la rhétorique nazie, Heidegger rate le coche lorsqu’il exprime, au début du cahier noir Anmerkugen (« Remarques ») I de 1945, que le judaïsme est « das Prinzip der Zerstörung ».
Je ne tournerai pas autour du trou :
Le judaïsme n’est pas le « principe » de la Destruction, il en fut au contraire la cible privilégiée en Occident, précisément pour avoir distingué et nommé la Nature, ce qui est très différent de l’idée de « Création » et de « Commencement » plaquées sur le Berechit hébraïque, qui n’est ni l’une ni l’autre.
Le bara de béréchit n’est pas une creatio, ex nihilo ou non : le mot bara (avec aleph) vient d’une racine qui s’écrit barah (avec hé), et qui signifie, « couper », « découper », « tailler », « départager », et seulement ensuite « créer » et « produire », « rendre lisse » et « polir », « façonner », ce que Gesenius rapproche de l’allemand schaben, « ratisser », « racler » et de l’anglais to shave, « raser »…
Lorsque saint Jérôme, persuadé de la perfidie judaïque (« perfidia Judaeorum »1), traduit le béréchit juif par : In principio creavit Deus caelum et terram, il manque l’essentiel, et ce n’est dès lors aucunement un hasard s’il lit la Bible hébraïque en fantasmant que le « scélérat » peuple juif (« Multa, Judae, scelera commitisti » : « Vous avez commis de nombreux crimes ô Juifs ! ») mériterait d’être exterminé pour crime d’acribie dans la lecture, et avantageusement supplanté par le verus Israel 2:
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