« Qu’ai-je de commun avec les Juifs ? C’est à peine si j’ai quelque chose de commun avec moi-même… » Journal, 8 janvier 1914
Lecture mise en espace de Stéphane Zagdanski, suivie d’un dialogue avec la salle, consacrée à la thématique juive dans la vie, l’œuvre, et les rêves de Franz Kafka.
Le thème juif chez Kafka est si crucial, central, fondamental, structural, et en même temps si diffus, périphérique, insituable et impondérable… qu’il n’y a guère qu’à l’impénétrable Château de l’insaisissable comte Westwest qu’il puisse être comparé !
Au cours d’une méditation agrémentée d’images, de musiques, et de citations portées par deux comédiens, Stéphane Zagdanski reviendra, concernant Kafka, sur ce que Joyce, qualifiant son mystère à lui, appelait « l’énigme de sa propre position ».
Le judaïsme est ainsi moins un thème chez Kafka qu’une spirale mobile de variations dont le centre est partout et la circonférence nulle part :
Conflit avec son père, en grande partie lié à la religion ; découverte extasiée du théâtre yiddish ; frontalité du choc culturel avec le judaïsme de l’Est ; conférence sur la langue yiddish devant des Juifs praguois interloqués ; initiation aux classiques de la tradition (Torah, Talmud, Kabbale) ; observation en villégiature du légendaire Rabbi de Belz entouré de sa cour ; confrontation à l’antisémitisme rugissant dans l’Empire austro-hongrois au début du XXème siècle ; considération de l’impasse métaphysique propre aux écrivains juifs de langue allemande (Karl Kraus, Max Brod, lui-même…) ; attachement à Jiri Langer, zélote du hassidisme parmi des Praguois scandalisés ; fiançailles contrariées avec Felice Bauer, issue de la vigoureuse bourgeoisie juive de Berlin ; amours anarchiques avec la viennoise Milena Polak, audacieuse non-juive mariée à un Juif admirateur de son amant praguois ; amours fusionnelles avec la polonaise Dora Diamant, dont la famille pieuse appartient à la dynastie hassidique du Rabbi de Gour ; rêves d’installation en Palestine aux temps du sionisme naissant ; apprentissage passionné et minutieux de l’hébreu moderne ; textes liés à la condition juive (« Dans notre synagogue », « Chacals et Arabes »….) ; et enfin extermination par les nazis de ses trois sœurs et de presque tous ses proches…
Comme si, de ce bouleversant kaléidoscope de vies juives, n’avait été destinée à surnager, échappée aux cendres et au fracas, que l’œuvre flamboyante de l’éternel Franz Kafka.
À propos de Stéphane Zagdanski
Stéphane Zagdanski est né en 1963 à Paris. Il est l’auteur d’une vingtaine d’essais et de romans parus principalement aux éditions Gallimard, Fayard et Le Seuil.
Zagdanski poursuit depuis 2020 un séminaire philosophique, politique et littéraire, intitulé La Gestion Génocidaire du Globe, dont les séances sont publiées régulièrement sur papier et en ligne, disponibles sur son site laggg2020.com
Kafka et la question J.
Kafka et la question J.
Kafka et la question J.
RENCONTRE AU THÉÂTRE DE LA COMMUNE AUBERVILLIERS
Kafka et la question J.
de Stéphane Zagdanski
avec Bernard Bloch et Laure Wolf
SAMEDI 30 MARS 2024 DE 16H À 18H
Entrée libre sur réservation via Google form
Kafka et la question J.
« Qu’ai-je de commun avec les Juifs ? C’est à peine si j’ai quelque chose de commun avec moi-même… » Journal, 8 janvier 1914
Lecture mise en espace de Stéphane Zagdanski, suivie d’un dialogue avec la salle, consacrée à la thématique juive dans la vie, l’œuvre, et les rêves de Franz Kafka.
Le thème juif chez Kafka est si crucial, central, fondamental, structural, et en même temps si diffus, périphérique, insituable et impondérable… qu’il n’y a guère qu’à l’impénétrable Château de l’insaisissable comte Westwest qu’il puisse être comparé !
Au cours d’une méditation agrémentée d’images, de musiques, et de citations portées par deux comédiens, Stéphane Zagdanski reviendra, concernant Kafka, sur ce que Joyce, qualifiant son mystère à lui, appelait « l’énigme de sa propre position ».
Le judaïsme est ainsi moins un thème chez Kafka qu’une spirale mobile de variations dont le centre est partout et la circonférence nulle part :
Conflit avec son père, en grande partie lié à la religion ; découverte extasiée du théâtre yiddish ; frontalité du choc culturel avec le judaïsme de l’Est ; conférence sur la langue yiddish devant des Juifs praguois interloqués ; initiation aux classiques de la tradition (Torah, Talmud, Kabbale) ; observation en villégiature du légendaire Rabbi de Belz entouré de sa cour ; confrontation à l’antisémitisme rugissant dans l’Empire austro-hongrois au début du XXème siècle ; considération de l’impasse métaphysique propre aux écrivains juifs de langue allemande (Karl Kraus, Max Brod, lui-même…) ; attachement à Jiri Langer, zélote du hassidisme parmi des Praguois scandalisés ; fiançailles contrariées avec Felice Bauer, issue de la vigoureuse bourgeoisie juive de Berlin ; amours anarchiques avec la viennoise Milena Polak, audacieuse non-juive mariée à un Juif admirateur de son amant praguois ; amours fusionnelles avec la polonaise Dora Diamant, dont la famille pieuse appartient à la dynastie hassidique du Rabbi de Gour ; rêves d’installation en Palestine aux temps du sionisme naissant ; apprentissage passionné et minutieux de l’hébreu moderne ; textes liés à la condition juive (« Dans notre synagogue », « Chacals et Arabes »….) ; et enfin extermination par les nazis de ses trois sœurs et de presque tous ses proches…
Comme si, de ce bouleversant kaléidoscope de vies juives, n’avait été destinée à surnager, échappée aux cendres et au fracas, que l’œuvre flamboyante de l’éternel Franz Kafka.
À propos de Stéphane Zagdanski
Stéphane Zagdanski est né en 1963 à Paris. Il est l’auteur d’une vingtaine d’essais et de romans parus principalement aux éditions Gallimard, Fayard et Le Seuil.
Il a consacré plus spécifiquement à Kafka :
– Une étude parue en 1989 dans Les Temps Modernes: Signes du Temps, Essai sur la temporalité dans la littérature rabbinique et dans Le Château de Kafka (reprise dans Fini de rire, Pauvert/Fayard, 2003).
– Une conférence faite en 2010 à l’université de Montréal intitulée « Écrire comme forme de la prière», lecture sacrificielle de La colonie pénitentiaire.
– Une conférence en 2010 au lycée Marc Chagall de Reims, intitulée Écrire contre le monde, Kafka et le sens du combat.
– Enfin le schizophrène qui se prend pour Franz Kafka est un des personnages majeurs de son roman Chaos brûlant paru en 2012 aux Éditions du Seuil.
L’œuvre plastique de Stéphane Zagdanski, intimement associée à l’expérience calligraphique de l’écriture, est représentée par les galeries Éric Dupont à Paris et Modernism à San Francisco.
Actualité
Zagdanski poursuit depuis 2020 un séminaire philosophique, politique et littéraire, intitulé La Gestion Génocidaire du Globe, dont les séances sont publiées régulièrement sur papier et en ligne, disponibles sur son site laggg2020.com
Derniers titres parus :
– Heidegger et l’Extermination
– La calamité cybernétique
Le 24 mai 2024, il tiendra à Toulouse une conférence consacrée à L’antisémitisme de Heidegger dans les Cahiers noirs.
En juillet 2024, il est invité sur France-Culture dans l’émission Grande Traversée de Christine Lecerf consacrée à Kafka.
SAMEDI 30 MARS DE 16 H à 18 H
La Commune
centre dramatique national
Aubervilliers
2 rue Édouard Poisson
93300 Aubervilliers
tel. +33 (0)1 48 33 16 16