Le 3ème volume de la série la GGG revient sur les notions de “Globe” et de “globalité”, et sur l’essence de la Domination impérialiste (celle des Romains, celle des nazis, celle du capitalisme) analysée par Heidegger dans son cours sur Parménide en 1942.
Extrait inédit :
Comment envisager la relation intrinsèque entre Domination et Extermination ?
En se mettant à l’écoute de ceux qui réfutèrent et refusèrent la pax romana précisément parce qu’ils ne se leurraient point sur l’impulsion exterminatrice consubstantielle à l’imperium.
C’est chez Tacite qu’une telle parole s’exprime, dans La vie de Cnaeus Julius Agricola, lorsqu’un noble chef breton, « un certain Galgacus, que sa vaillance et sa naissance distinguaient entre tous les chefs », incite les siens à ne pas céder aux envahisseurs romains.
Je reviendrai peut-être sur Tacite et les excellents enseignements qu’on peut tirer de sa lecture car, outre sa génialité stylistique et sachant qu’il est romain et naturellement favorable à l’Empire, il sait prodigieusement adopter le timbre de voix de tous ceux qui s’opposèrent à Rome et furent dominés par elle.
« Nous, les plus nobles de toute la Bretagne, installés pour cette raison au plus profond de ses retraites, n’ayant sous les yeux aucun rivage asservi, nos regards mêmes n’étaient pas souillés par la contagion de l’esclavage. »
Ce noble chef breton porte un nom latin, Galgacus, ce qui indique que Rome a d’ores et déjà déployé et installé son empire. Nous sommes, avec ce merveilleux discours, dans un tout autre régime du regard que celui de la domination. Les Bretons ne connaissent pas l’esclavage, non seulement parce qu’ils n’ont jamais été dominés, mais parce que leur regard est vierge de toute domination : eux-mêmes n’ont pas d’esclaves sous les yeux : « Oculos quoque a contactu dominationis inviolatos habebamus ». Autrement dit eux-mêmes sont d’autant plus libresqu’ils ne dominent personne, tel est le sens intime de leur profonde noblesse.
En quoi consiste cette noblesse qui se distingue tant de la domination à la romaine – et, faut-il le préciser, de la nazie qui se déchaîne au moment où Heidegger pense tout cela ?
En ce que Heidegger nomme la Herr-schaft dans les Beiträge– rendu par François Fédier par « seignorance », à ne pas confondre avec la Herrschaft comme « autorité » et « domination » :
« Cette seignorance est la nécessité du libre vis-à-vis de tout ce qui est libre. Elle règne, sie beherrscht, et déploie en tant qu’inconditionnalité sa pleine essence sur le domaine de la liberté. Sa grandeur consiste en ceci qu’elle n’a besoin d’aucune puissance, Macht, et ainsi d’aucune violence, Gewalt, alors qu’elle n’en est que plus agissante qu’elles [wirk-samer, de wirksam, « efficace », « actif »], bien que ce soit dans une manière qui n’est vraiment qu’à elle… »[3]
Ailleurs, dans Die Geschichte des Seyns – toujours à cette même époque où Heidegger pense tout cela intensément – il écrit :
«Seigneurest celui qui exerce une seigneurie sur la puissance. Se contenter d’acquiescer à la puissance tenue pour le fond même de la réalité, c’est là s’abaisser jusqu’à la pire servitude.»
Le seigneur règne sur la puissance ; ce n’est pas celui qui déploie la puissance, ce n’est pas celui emploie la puissance, ce n’est pas celui qui use de la puissance. Régner c’est retenir la puissance au sens où l’on retient ses coups…
Lectures d'été, 3ème épisode
Lectures d'été, 3ème épisode
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Bonjour à tous,
Le 3ème volume de la série la GGG revient sur les notions de “Globe” et de “globalité”, et sur l’essence de la Domination impérialiste (celle des Romains, celle des nazis, celle du capitalisme) analysée par Heidegger dans son cours sur Parménide en 1942.
Extrait inédit :
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À suivre…