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Vanter le Manifeste Conspirationniste
Je vais aujourd’hui poursuivre et achever ma revue de la carrière intellectuelle de Warren McCulloch, l’un des premiers, sinon le premier, thuriféraire et théoricien de l’artificialité de l’intelligence.
J’ai jusqu’à aujourd’hui décrit quelques importants précurseurs et mentors croisés dans l’existence de McCulloch, dont la fatale trajectoire mène d’un vers de Shakespeare mal interprété (« What’s in the brain that ink may character1 ? ») jusqu’au robot « Atlas » de Boston Dynamics – confirmant la remarque de Guy Debord dans les Commentaires sur la Société du Spectacle :
« Quand l'économie toute-puissante est devenue folle, et les temps spectaculaires ne sont rien d'autre, elle a supprimé les dernières traces de l'autonomie scientifique, inséparablement sur le plan méthodologique et sur le plan des conditions pratiques de l'activité des ‘‘chercheurs’’. On ne demande plus à la science de comprendre le monde, ou d'y améliorer quelque chose. On lui demande de justifier instantanément tout ce qui se fait. Aussi stupide sur ce terrain que sur tous les autres, qu'elle exploite avec la plus ruineuse irréflexion, la domination spectaculaire a fait abattre l'arbre gigantesque de la connaissance scientifique à seule fin de s'y faire tailler une matraque. »2
L’excellent Manifeste conspirationniste qui vient de paraître – et que je vous recommande de lire de toute urgence pour comprendre tout ce qu’il y a à apprendre de l’état du monde en 2022 et des discours et des entreprises qui y sont menées pour le contrôle et la domination des populations de la planète depuis la seconde moitié du XXème siècle – cite un slogan de « l’Exposition universelle de Chicago en 1933, intitulée Un siècle de progrès : ‘‘La science découvre, l’industrie applique, l’homme se conforme.’’»
Tout cela est lié de très près à la séance d’aujourd’hui consacrée aux Maths et au Mal, et à la responsabilité concrète des mathématiciens les plus abstraits à la Gestion Génocidaire du Globe. Le Manifeste conspirationniste évoque justement un livre collectif datant de 2015 intitulé Quand la raison faillit perdre l’esprit…
Voici ce qu’ils en disent :
« Nous ne sommes pas sortis de la guerre froide. Nous ne sommes pas sortis de l’époque où ‘‘les gens de Harvard tentaient de créer une science sociale inspirée de la science physique, capable d’expliquer et de prédire les comportements humains, tout comme la physique avait élucidé les phénomènes atomiques. Le projet Manhattan les avait inspirés et il leur tardait de s’essayer à leur tour à la ‘fission de l’atome social’, comme Parsons se plaisait à le dire’’. (Collectif, Quand la raison faillit perdre l’esprit, 2015) »
Je suis allé voir ce que disait ce collectif et voici ce qu’on peut lire en 4ème de couverture3:
« Aux États-Unis, lors de la guerre froide (soit entre la fin de la Seconde guerre mondiale et le début des années 1980), le concept de ‘‘rationalité’’ attira l'attention des politiciens et des militaires qui demandèrent à divers chercheurs en sciences humaines (psychologie, sociologie, sciences politiques, économie, algorithmie, etc.) de reconfigurer la rationalité pour mieux en déployer les ressorts dans un univers politique et scientifique coupé en deux. Quand la raison faillit perdre l'esprit redonne vie à ces scientifiques de haut niveau – Herbert Simon, Oskar Morgenstern, Herman Kahn, Anatol Rapoport, Thomas Schelling et bien d'autres –, qui ont remodelé les manières de penser les rapports politiques et sociaux à l'aide d'outils intellectuels venus des mathématiques ou de la physique. Désormais, les transactions économiques, l'évolution biologique, les élections politiques, les stratégies militaires voire même les relations internationales sont envisagés comme des phénomènes où les prises de décisions relèvent de l'optimisation mathématique ou de la programmation algorithmique. »
Puis je suis allé me renseigner sur les auteurs de ce collectif qui semble passionnant, et qui paraît assez bien correspondre aux séances que je consacre depuis maintenant quelques semaines à la Cybernétique :
Rebecca Lemov, chercheuse à Harvard, spécialisée dans l’histoire des sciences du comportement, du lavage de cerveau (brainwashing) et des technologies du contrôle de l’esprit (technologies of mind control) :
« Son livre le plus récent, Database of Dreams : The Lost Quest to Catalog Humanity <Base de données des rêves : La quête perdue pour cataloguer l'humanité > examine les tentatives faites entre 1942 et 1963 pour cartographier les parties insaisissables et subjectives de la psyché humaine au moyen de techniques de stockage de données autrefois futuristes. En examinant les innovations dans les méthodes de collecte de données, ses recherches portent sur la transformation continue de la connaissance, de la technologie et de la subjectivité aux XXe et XXIe siècles. »
La question que je me pose, au fond, c’est celle de savoir si le titre original de ce recueil ne manque pas quelque chose de propre à la raison, qui dès lors, lorsqu’elle se transforme en pur outil de domination, de manipulation, de configuration et de contrôle (psychologique politique, sanitaire…) ne rejoint pas au contraire son essence propre, profondément totalitaire et despotique, telle qu’on peut la voir, cette essence de la Raison occidentale imaginée, encensée, figurée et justifiée dans tous ses détails dans la République de Platon…
Il est donc largement temps de se demander, en 2022, quelle profonde part ont à la dévastation contemporaine non seulement les scientifiques en général mais les mathématiciens et les logiciens les plus abstraitement virtuoses dans leur domaine. On a pris l’habitude d’admirer inconditionnellement les génies en mathématiques alors que leur virtuosité, à la différence de celle des artistes – laquelle virtuosité est par définition inséparable de la grâce et de la beauté qu’ils contribuent à créer, et j’y inclus les écrivains « dont on peut parler sans rire » (Nabokov), c’est-à-dire les véritables penseurs –, est plutôt comparable à l’extrême virtuosité individuelle d’un combattant hors-pair, laquelle n’empêche en rien qu’il appartienne à une armée inique ni qu’il mette sa virtuosité au service d’un objectif militaire ou policier abject. Eh bien il en va de même avec les mathématiciens virtuoses. Ce qui m’intéresse, c’est la virtuosité non pas dans leur domaine, mais dans leur rapport au monde. Dans le cas des Mathématiques, cette virtuosité n’est d’emblée pas neutre, au sens où le Mathème en soi n’a rien de neutre quant au monde, c’est-à-dire quant à la manière dont l’homme réside dans le monde. Ce que nous allons examiner en détail aujourd’hui.
La grande rencontre de la vie de McCulloch est indéniablement celle de Walter F. Pitts, en 1942, qui conduira à leur publication majeure, en 1943, de “A LOGICAL CALCULUS OF THE IDEAS IMMANENT IN NERVOUS ACTIVITY”, laquelle étude est en quelque sorte à la fois la déclaration d’indépendance et la déclaration de guerre de la Cybernétique naissante.
Walter Pitts, nous apprend Tara Abraham dans son étude très fournie sur laquelle je me base entièrement4, qualifié de « véritable intelligence directrice » de McCulloch, est un autre de ces petits génies multitâches comme on en voit tant parmi les cybernéticiens. Autodidacte, il s’est inoculé la logique et les mathématiques et lisait le grec, le latin et le sanskrit dès le plus jeune âge. Il découvre les Principia Mathematica de Russell et Whithead à 12 ans, et y repère des erreurs, qu’il confie à Russell dans une lettre, lequel Russell l’invite à venir comme étudiant en Angleterre.
Selon une autre anecdote, Pitts errait à 15 ans à Chicago lorsqu’il rencontra dans un parc un certain Bert, qui s’avéra être Bertrand Russell, lequel l’introduisit à Carnap à l’Université de Chicago, où Pitts montra à Carnap des erreurs dans sa dernière publication en date.
Adopté par Russell et Carnap dès 15 ans, c’est donc à l’Université de Chicago que Pitts rencontre Nicolas Rashevsky. Rashevsky, d’origine ukrainienne, passionné de « biologie mathématique », fut l’instigateur dans les années 30 et 40 de la modélisation du comportement des nerfs et des réseaux nerveux. Tout le travail de Rashevsky comme de ses successeurs, consiste à partir d’une analogie purement hypothétique, visuelle, subjective, entre un phénomène chimique (la division spontanée des gouttelettes dans les colloïds), qu’il a modélisé mathématiquement, et un autre phénomène, biologique (la division des cellules vivantes), sur laquelle il va plaquer sa modélisation mathématique, avant de décider de plaquer ce premier travail analogique sur le fonctionnement des neurones du cerveau :
« Les neurones, après tout, étaient des cellules », commente TA, « et Rashevsky a fondé sa théorie de la conduction nerveuse sur la notion de diffusion de substances et de gradients électrochimiques. »
Comme tous les cybernéticiens après lui, Rashevsky construit des passerelles entre des domaines dont seules ses analogies, toutes nées de sa préconception mathématique du monde, lui permettent de les rapprocher. L’enchaînement analogique constaté par le préjugé du seul regard « clinique » entre une réaction chimique et une réaction biologique, puis entre cette réaction biologique et le fonctionnement « électrique » des neurones, puis entre le fonctionnement des neurones et celui de la pensée humaine, n’est ainsi que la conséquence induite de proche en proche par l’hypothèse de base de son regard mathématique et probabiliste.
C’est très exactement le pendant de ce que Foucault décrit et explique dans Naissance de la clinique concernant le « rêve de descriptibilité totale » de « l’être de la maladie »5:
« La descriptibilité totale est un horizon présent et reculé ; c'est le rêve d'une pensée, beaucoup plus qu'une structure conceptuelle de base. Il y a à cela une raison historique simple : c'est que la logique de Condillac qui servait de modèle épistémologique à la clinique ne permettait pas une science où le visible et le dicible fussent pris dans une totale adéquation. La philosophie de Condillac a été peu à peu décalée de l'impression originaire à une logique opératoire des signes, puis de cette logique à la constitution d'un savoir qui serait à la fois langue et calcul: utilisée à ces trois niveaux et à chaque fois avec des sens différents, la notion d'élément <la « cellule » pour Rashevsky, le « lekton » pour McCulloch…> assurait tout au long de cette réflexion une continuité ambiguë, sans structure logique définie et cohérente; Condillac n’a jamais dégagé une théorie universelle de l'élément – que cet élément soit perceptif, linguistique ou calculable: il a hésité sans cesse entre deux logiques des opérations: celle de la genèse et celle du calcul. D'où la double définition de l'analyse : réduire les idées complexes ‘‘aux idées simples dont elles ont été composées et suivre le progrès de leur génération’’ <ce qui est la démarche cybernétique par excellence, revendiquée par McCulloch et tous les cybernéticiens à sa suite>; et chercher la vérité ‘‘par une espèce de calcul, c'est-à-dire en composant et en décomposant les notions pour les comparer de la manière la plus favorable aux découvertes qu’on a en vue’’ <Condillac dans l’Origine des connaissances humaines>. Cette ambiguïté a pesé sur la méthode clinique, mais celle-ci a joué selon une pente conceptuelle qui est opposée exactement à l'évolution de Condillac : renversement terme à terme du point d'origine et point d'achèvement.
Elle redescend de l’exigence du calcul au primat de la genèse, c'est-à-dire qu’après avoir cherché à définir le postulat d’adéquation du visible à l'énonçable par une calculabilité universelle et rigoureuse, elle lui donne le sens d'une descriptibilité totale et exhaustive. L'opération essentielle n'est plus de l'ordre de la combinatoire, mais de l'ordre de la transcription syntactique. »
On voit comme ce que décrit ici Foucault correspond à cette série d’inférences sur lesquelles les cybernéticiens fondent leur conception – très pauvre en réalité – de l’être humain et de sa pensée. On comprend en quoi une formulation comme celle de la thèse de McCulloch et Pitts : « Un calcul logique des idées immanentes dans l’activité nerveuse » n’est en rien objective ni idéologiquement dénuée d’arrières-pensées.
C’est cette collusion entre le calcul et la réalité sociale et humaine qui faisait dans les années 40 considérer par les puristes du groupe Bourbaki le « calcul des probabilités » comme une discipline trop « sale », « trop proche des applications extra-mathématiques» (je cite une étude6 sur le style en mathématiques, sur laquelle je reviendrai tout à l’heure) pour être pris en considération et retenu dans les premières publications du groupe qualfiié d’Urredaktion7. Hélas, la digue de pureté devait céder sous les coups de boutoir de la cybernétique à partir du « développement extraordinaire » de la « combinatoire » :
Et c’est ainsi qu’à partir des années 50, « le développement de la science oblige (le groupe Bourbaki) à changer complètement les perspectives : les méthodes du Calcul des Probabilités envahit le cœur des mathématiques les plus abstraites ».8
Dans l’élaboration de sa théorie de la conduction nerveuse, « Rashevsky », continue TA, « a développé des équations différentielles régissant la relation entre l'intensité de l'excitation, les concentrations des substances excitatrices et inhibitrices et plusieurs constantes qui présentaient des "preuves empiriques" ».
C’est sur ces « constante empiriques », dont il modifia les « valeurs relatives » qu’il put construire sa « théorie mathématique » de l’excitation et de l’inhibition des cellules nerveuses. Mais le véritable modèle de Rachevsky, de son propre aveu, c’était l’usage par Volterra et Lotka des mathématiques en thermodynamique (science à la source de la Cybernétique, on s’en souvient), et l’analogie principale sur laquelle il fondait ses travaux était celle de l’usage des mathématiques dans la physique moléculaire. Autrement dit, il n’a jamais été question de nier, en tout cas au début, que le calcul et la mise en mathèmes fût la seule grille de lecture qui comptait, et qu’il appliquait, exactement comme des lunettes de couleurs, dans toutes ses recherches consacrées au vivant.
Voici comment lui-même l’exprimait9:
« Suivant la méthode fondamentale des sciences physico-mathématiques, nous ne tentons pas une description mathématique d'une cellule concrète, dans toute sa complexité. Nous commençons par une étude de systèmes hautement idéalisés <highly idealized systems>, qui au départ peuvent ne pas avoir d'équivalent dans la nature réelle. Pourtant, c'est exactement ce qui a été, et est toujours, fait en physique. Le physicien continue à étudier mathématiquement, en détail, des choses non réelles telles que des "points matériels", des "fluides idéaux", et ainsi de suite. De telles choses n'existent pas dans la nature. Pourtant, le physicien non seulement les étudie, mais applique ses conclusions à des choses réelles. Et voilà ! Une telle application conduit à des résultats pratiques, du moins dans certaines limites. En effet, dans ces limites, les choses réelles ont des propriétés communes avec les choses fictifiées et idéalisées! Seul un surhomme pourrait saisir mathématiquement d'un seul coup < Only a superman could grasp mathematically at once > la complexité d'une chose réelle. Nous, simples mortels, devons être plus modestes et nous approcher de la réalité de manière asymptotique, par approximation progressive. »
Rachevsky admet donc ici, ce qui est un peu une évidence mais que le discours cybernétique a tendance à occulter, que la grille de lecture et d’interprétation mathématique de la réalité relève d’une simplification – par décomposition et reconstruction abstraites – de l’impossible appréhension exhaustive de cette même réalité.
On retrouve aussi des analyses de cette « paresse mentale » que constitue la pulsion de simplification propre à la science occidentale – et à partir d’elle à tout le monde occidental cybernétisé – chez René Guénon, dans Le règne de la quantité :
« Le besoin de simplification, en ce qu'il a d'illégitime et d'abusif est un trait distinctif de la mentalité moderne; c'est en vertu de ce besoin appliqué au domaine scientifique, que certains philosophes ont été jusqu'à poser, comme une sorte de ‘‘pseudo-principe’’ logique, l'affirmation que ‘‘la nature agit toujours par les voies les plus simples’’. Ce n'est là qu'un postulat tout gratuit, car on ne voit pas ce qui pourrait obliger la nature à agir effectivement ainsi et non autrement; bien d'autres conditions que celle de la simplicité peuvent intervenir dans ses opérations et l'emporter sur celle-là, de façon à la déterminer à agir par des voies qui, à notre point de vue du moins, apparaîtront souvent comme fort compliquées. À la vérité, ce ‘‘pseudo-principe’’ n'est rien de plus qu'un vœu exprimé par une sorte de ‘‘paresse mentale’’ : on souhaite que les choses soient aussi simples que possible, parce que, si elles l'étaient en effet, elles seraient par là même d'autant plus faciles à comprendre… »10
C’est précisément ce qu’explique Henri Poincaré dans La science et l’hypothèse, concernant la raison principale pour laquelle « dans les sciences physiques, la généralisation prend volontiers la forme mathématique »11, ce qu’il qualifie encore d’ « instinct de la simplicité » :
« Il a fallu que l'esprit devançât l'expérience et, s'il l'a fait avec succès, c'est qu'il s'est laissé guider par l'instinct de la simplicité. La connaissance du fait élémentaire nous permet de mettre le problème en équation; il ne reste plus qu'à en déduire par combinaison le fait complexe observable et vérifiable. C'est ce qu'on appelle l'intégration ; c'est là l’affaire du mathématicien. On peut se demander pourquoi, dans les sciences physiques, la généralisation prend volontiers la forme mathématique. La raison est maintenant facile à voir; ce n'est pas seulement parce que l'on a à exprimer des lois numériques; c'est parce que le phénomène observable est dû à la superposition d'un grand nombre de phénomènes élémentaires tous semblables entre eux; ainsi s’introduisent tout naturellement les équations différentielles. Il ne suffit pas que chaque phénomène élémentaire obéisse à des lois simples, il faut que tous ceux que l'on a à combiner obéissent à la même loi. C'est alors seulement que l'intervention des mathématiques peut être utile; les mathématiques nous apprennent, en effet, à combiner le semblable au semblable <je souligne>. Leur but est de deviner le résultat d’une combinaison, sans avoir besoin de refaire cette combinaison pièce à pièce. Si l'on a à répéter plusieurs fois une même opération, elles nous permettent d'éviter cette répétition en nous en faisant connaître d'avance le résultat par une sorte d’induction. »
On remarquera chez Rachevsky que le fantasme d’un « superman » qui se saisirait (grasp, « empoigner » ) mathématiquement de la réalité dans l’intégralité de sa complexité, ce fantasme rôde quand même dans les parages de la déclaration de modestie mathématicienne de Rachevsky. Ce fantasme intellectuellement totalitaire, à la source de l’élaboration de la Cybernétique dès les années trente et quarante, donc, est précisément celui que la pratique accumulative contemporaine du Big Data tâche d’accomplir aujourd’hui. Le Big Data n’est pas apparu par hasard, comme une conséquence stochastique de la seule puissance de calcul des super-ordinateurs les plus contemporains. Le Big Data (j’appelle « Big Data » cette idéologie dévorante du Calcul) possède une histoire, une généalogie philosophique et une impulsion idéologique comme nous sommes en train de le découvrir minutieusement aujourd’hui, et depuis que j’ai commencé ces séances sur la Cybernétique.
(À suivre)
« Qu’est-il dans le cerveau que l’encre peut tracer / Qui ne t’ait figuré déjà ma belle âme ? »
Op. cit. p.46-47
Œuvres I, Pléiade, p.803-804
Pierre Cartier et Karine Chemla, Notes sur l’histoire et la philosophie des mathématiques, La création des noms mathématiques : l’exemple de Bourbaki
Op. cit. p.7 note 6
Op. cit. p.11 note 12
Cité par Tara Abraham, op. cit. p.16 : “Following the fundamental method of physicomathematical sciences, we do not attempt a mathematical description of a concrete cell, in all its complexity. We start with a study of highly idealized systems, which at first may not even have any counterpart in real nature. . . . The objection may be raised against such an approach, because systems have no connection to reality; and therefore any conclusions drawn about such idealized systems cannot be applied to real ones. Yet this is exactly what has been, and always is, done in physics. The physicist goes on studying mathematically, in detail, such nonreal things as “material points,” . . . “ideal fluids,” and so on. There are no such things as those in nature. Yet the physicist not only studies them but applies his conclusions to real things. And behold! Such an application leads to practical results—at least within certain limits. This is because within these limits the real things have common properties with the fictitious idealized ones! Only a superman could grasp mathematically at once the complexity of a real thing. We ordinary mortals must be more modest and approach reality asymptotically, by gradual approximation.”
Op. cit. p.78
Op. cit. p.171