En 1930, Domarus rédigea sa thèse de psychiatrie intiutlée “The Logical Structure of Mind: An Inquiry into the Philosophical Foundations of Psychology and Psychiatry” sous la direction de Northrop et avec l’aide de McCulloch.
L’approche de Domarus aussi est « interdisciplinaire », au sens où il entend mêler ses deux passions, la neuro-anatomie et la philosophie, du moins ce qu’il appelle ainsi mais qui est principalement la logique, son langage et sa modalité de raisonnement. « His goal was to connect scientific treatments of the brain with philosophical conceptions of the mind and the logical structure of reasoning. Through this, Domarus hoped to develop a “logic of intentional relations”. »
Je peux vous affirmer qu’ayant un peu étudié l’histoire de la psychiatrie en Europe et aux États-Unis pendant la rédaction de Chaos brûlant, j’y ai rencontré bien des choses, et principalement quelques grands délirants parmi les psychiatres et les neurobiologistes du XIXème et du XXème siècle, mais de pensée voire de philosophie, pas un iota :
« Vous me semblez ignorer l’histoire de cette formidable discipline, domaine de prédilection des ratés, des sadiques, des aigris et des furieux en tout genre. D’ailleurs il me serait dérisoirement aisé de vous démontrer que la Psychiatrie, l’Extermination, la Finance et le Crime ont partie liée », déclare Luc Ifer à Sac d’Os.
Cette thèse de Domarus, The Logical Structure of Mind: An Inquiry into the Philosophical Foundation of Psychology and Psychiatry <La structure logique de l'esprit : Une enquête sur les fondements philosophiques de la psychologie et de la psychiatrie.>, long texte (66 pages) en anglais, introduit et traduit de l’allemand par McCulloch (raison pour laquelle je m’y intéresse), est en ligne sur le site de la Nasa (sic !)1.
Dans sa propre introduction, Domarus rend hommage à ses divers maîtres, psychiatres (« Kraeplin and classic psychiatry, which I studied with Berger, Birnbaum, Bumke, Bostroom, Kahn, Hoche et Westphal ») et philosophes (il qualifie sa thèse à la fois d’aristotélicienne et d’hégélienne : « Bien que le développement dialectique de cette théorie soit hégélien, l'analyse de l'expérience et de sa relation aux faits est aristotélicienne »2 et évoque sa formation à Fribourg auprès de Husserl, qui l’introduisit à Brentano, et les cours de Heidegger consacrés à Aristote).
Les seconds (les philosophes) auraient sans doute été estomaqués d’être ainsi associés aux premiers (les psychiatres et neurobiologistes), mais rien n’arrête Domarus dans sa course à l’élaboration de sa « théorie du savoir » – un tantinet délirante, comme souvent sont les écrits des psychiatres…
Pour être honnête, je n’ai pas poussé l’effort jusqu’à lire les 66 pages de la thèse de Domarus traduite de l’allemand en anglais par McCulloch, mais je profite de cette occasion pour citer Canetti concernant ce qu’il appelle « le savoir compartimenté » d’Aristote, dans le deuxième volume de son autobiographie intitulé Jeux de regards.
Ces notes datent de 1943, et nul doute qu’elles s’appliquent point par point (tiroir par tiroir) à Domarus dont je vous mets une page de la thèse sous les yeux pendant que je lis Canetti :
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