Aujourd’hui encore, cette idée complètement irréaliste d’un État commun – absurde pour mille raisons outre toutes celles invoquées déjà, dont la principale est qu’Israéliens et Palestiniens (qu’il faut dissocier de ce point de vue, des Arabes israéliens) n’ont aucun désir de vivre ensemble –, est remise au goût du jour par une militante palestinienne nommée Ghada Karmi1 dans un essai paru récemment aux Éditions de la Fabrique.
Si vous regardez l’intégralité des conférences et des documentaires de la chaîne YouTube Reportage Palestine, vous constaterez qu’il n’y est question que d’interprétrer et réinterpréter le passé sur le mode filmique d’un temps transmuté en pure spacialité, mais qu’aucune projection future n’est jamais proposée au-delà du retrait d’Israël de ses positions idéologiques (revenant à annihiler le sionisme) et géographiques (revenir aux frontières de 1967, ou de 1948).
La conflictualité du conflit israélo-arabe, avec son noyau apparemment irréductible de haine qu’est le conflit judéo-palestinien, relève d’une guerre du peuple de l’Espace (les Arabes) contre le Peuple du Temps (les Juifs).
Cette distinction n’est en aucune manière un jugement de valeurs. Être le peuple de l’Extériorité (l’Étendue) a offert aux Arabes la grandeur civilisationnelle de leur empire, leurs remarquables découvertes en Astronomie, en Géographie, en Mathématiques et en Géométrie, et leur expansion militaire victorieuse à la surface du monde. Être le peuple de l’Intériorité a permis aux Juifs de tenir bon dans la dispersion après la destruction du site même où siégeait spatialement la sacralité de leur Dieu, puis de se réfugier dans la pensée d’un Texte qui n’était en un sens qu’une vaste ode au Temps, comme le nom secret et sacré de leur Dieu est une fusion tétragrammatique des trois modalités temporelles du verbe Être.
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