Venons-en pour finir aux plus récentes occasions de paix ratées et principalement à la dernière en date, en 2000, lors des négociations entre Arafat, Clinton et Barak. Je les ai déjà évoquée lors d’une séance précédente, citant la lucide conclusion en septembre 2002 d’un proche d’Arafat, Nabil Amr, membre du Fatah, « conseiller média du président de l'OLP, Yasser Arafat ; fondateur et l'ancien rédacteur en chef d'al-Hayat al-Jadida, le journal officiel de l'Autorité palestinienne. Directeur des organisations de radio et de télévision de l'Autorité palestinienne. Pendant plus de 10 ans, il a été directeur de la Voix de la Palestine. Il a été pendant un certain temps l'ambassadeur de l'OLP à Moscou. »1), qui faillit se faire flinguer par des miliciens anonymes pour avoir osé écrire la simple vérité :
« Dans un long article en forme de lettre ouverte au président Arafat, publié en septembre 2002 dans Al Hayat al-Jadida, Nabil Amr a critiqué l’intransigeance et le manque de pragmatisme de la direction palestinienne lors du Sommet de Camp David II (juillet 2000) ainsi que le départ précipité d’Arafat des négociations. Il reprochait au président de l’Autorité palestinienne et à la société palestinienne dans son ensemble <je souligne> d’avoir rejeté les propositions du président Clinton et de s’être réjouis de l’échec des négociations de paix avec Israël <je souligne>. Il écrivait notamment :
« N’avons-nous pas dansé de joie à l’annonce de l’échec de Camp David ? N’avons-nous pas couvert Clinton de boue, alors qu’il proposait un État palestinien avec des modifications de frontières mineures ? Nous ne sommes pas honnêtes, parce qu’aujourd’hui, après deux ans de bain de sang, nous demandons exactement ce qu’alors nous rejetions, à la différence qu’aujourd’hui, nous pouvons être certains que cela n’est plus possible ». 2
N’ayant aucun sens du libre-arbitre ni aucune velléité d’organisation sincèrement démocratique, les dirigeants palestiniens – autrement dit à cette époque l’unique Arafat – ont toujours pris toutes leurs décisions avec aussi peu de considération pour les souffrances et les aspirations concrètes de leur peuple que n’en ont pour les leurs les autocrates en général, un Xi Jinping ou un Kim Jong-un aujourd’hui, ou chez nous un Macron enfariné…
Or contrairement à certains intellectuels palestiniens bien plus lucides mais n’ayant aucune voix au chapitre, les antisionistes sur ces questions ont une fâcheuse tendance à dédouaner Arafat de toute responsabilité dans l’échec de ces négociations.
Dominique Vidal, échec plan de paix de 2000 à cause de Barak
Jusqu’à 37’34 « partenaires israéliens pour la paix »
Ils ne peuvent dédouaner les Palestiniens de cet échec que parce qu’ils partagent d’emblée le sophisme d’Arafat et de ses négociateurs concernant le rapport de forces, selon lequel des négociations en vue d’obtenir une forme diplomatique de parité égalitaire (deux États côte à côte) ne peuvent se tenir qu’entre des partenaires déjà égaux en droits et en fait. Que ces négociations fussent organisées par un tiers, les USA (parachèvement de toute une série de pré-négociations sous l’égide de différents pays tiers, la Suède, etc.), établissait de facto une égalité en droit. En revanche, qu’il n’y eût pas d’égalité en fait, c’est la moindre des choses. Le déplorer revient à nier toute l’histoire du conflit, et faire comme si Arafat et Barak étaient descendus chacun de sa propre planète pour signer un traité de collaboration.
Éric Hazan sur le plan de partage (compare à l’achat d’un magasin…)
Jusqu’à 20’44 « évidemment du côté israélien »
Les Palestiniens, amnésiques quant à leur propre histoire récente, envisagèrent donc ces négociations – dont l’objectif était quand même la création de l’État dont ils prétendaient rêver depuis des décennies – comme une simple partie d’échecs (à laquelle par ailleurs ils ne s’étaient pas réellement sérieusement préparés), une partie où l’arbitre aurait été acheté et où l’un des joueurs aurait été d’emblée avantagé en disposant de plus de pièces que son adversaire.
C’est ce que Henry Laurens – dont l’amour qu’il éprouve pour Arafat est si peu dissimulable qu’il en est comme dibouké et envahi de tics faciaux arafatesques !
Tic facial aux mots « mais très courte »
– nommait en 2015 d’une formule qui dit tout dans son inconséquente abstraction : « Remettre les compteurs à zéro », qu’il associe bizarrement à un « retour au réel », qui n’est que l’autre nom de l’obstination d’Arafat à ne surtout pas faire la paix avec Israël :
https://youtu.be/4XSBHjfcvkU?t=2064
Jusqu’à 35’50 : « les Palestiniens ne céderont pas fondamentalement sur leurs positions »
Comme Henry Laurens a une prédilection pour Arafat et les Palestiniens, il feint ici de ne pas savoir qu’Arafat bousillera tout avec Barak lorsque lui sera enfin accordé quasiment tout ce qu’il exige. On verra que dans une autre conférence, parlant avec tendresse d’Arafat, il sera moins catégorique (avouant à demi mots que les Palestiniens étaient des amateurs en diplomatie, profondément corrompus, qui n’avaient aucune véritable volonté sérieuse de négociation et aucune volonté d’empêcher les djihadistes les plus fanatiques parmi eux de continuer de lancer des attaques suicides pour frapper les Israéliens.
Ce que résume Nathan Weinstock3 :
« La politique [d’Arafat] a toujours consisté non pas à mettre les islamistes radicaux au pas, mais à tenter de les intégrer aux structures de pouvoir qu’il a créées en veillant à leur laisser le champ libre. »
- Palestiniens intransigeants car le rapport de force est en leur défaveur
Jusqu’à 36’51 « pour tenir jusqu’au bout »
Henry Laurens met volontairement sous le tapis ce dont les Israéliens étaient parfaitement conscients.
Tout le monde se souvient de la visible réticence d’Itzhak Rabin à serrer la main d’Arafat lors des premiers accords :
Pour la comprendre, il faut connaître la biographie de ce très grand soldat et la comparer à la bouffonnerie du despotique corrompu mythomane Arafat, qui a toujours menti sur tout et qui, une fois encore, ne va cesser de mentir et finalement détruire tout espoir pour son peuple en 2001 – ce que même l’assassinat de Rabin en 1995 n’avait pas provoqué puisque les négociations, reprirent avec Barak (c’est le propre d’une démocratie au sens banal qu’aucun dirigeant n’est irremplaçable) puis, unilatéralement, avec l’implacable Sharon qui organisa pourtant le retrait de Gaza (les Gazaouite esclaves et martyrs du Hamas aujourd’hui s’en mordent les doigts) et qui plaidait face à ses ministres du Likoud contre l’occupation :
Sharon sur l’occupation des territoires palestiniens
Concernant Arafat, un extrait d’un autre documentaire de Charles Enderlin, intitulé Le rêve brisé suffit à comprendre à qui les Israéliens avaient hélas affaire ; toute l’histoire de l’impasse du conflit israélo-palestinien est résumé en une anecdote racontée par Shimon Peres, parmi des centaines de cet accabit :
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