COMMENCER PAR Documentaire de Barbara Victor, petite fille qui n’aime pas les Juifs
Je n’apprendrai rien à personne, cela fait longtemps qu’un vent de folie souffle sur l’affaire qui nous occupe depuis quelques mois maintenant, qui concerne à la fois la « question » juive et celle de l’impossible pacification du conflit israélo-palestinien.
Je récapitule un peu quand même, pour les absents des dernières séances ou pour les retardataires :
Le peuple juif est un peuple profondément paradoxal, ni intégralement religieux, linguistique, croyant, pratiquant, géographique, historique même, ni bien sûr ethnique. Le seul dénominateur objectif commun de ce peuple paradoxal est un Texte, la Torah (le Tanakh), ce qui lui a valu l’appellation en chrétienté de « Peuple du Livre », et en Islam de « Gens du Livre » (avec les Chrétiens).
Or ce peuple paradoxal est probablement, en nombre de siècles, le peuple le plus longuement opprimé et persécuté de la Terre dans les contrées adonnées aux deux religions issues de son Texte. Ces persécutions ont connu leur apogée au XXème siècle avec le plus grand génocide industriel (en nombre de victimes) sans doute jamais conçu et perpétré.
Par ailleurs, le conflit né en Palestine à l’occasion de l’immigration de membres persécutés de ce peuple à partir des années 1880 est également le plus long conflit ininterrompu de l’histoire moderne, puisqu’il n’est toujours pas apaisé aujourd’hui en 2022. Enfin, les protagonistes de ce conflit sont sans doute les seuls au monde à qui l’on conteste sérieusement non seulement la légitimité de la source spirituelle (leur Livre) de laquelle ils se reconnaissent depuis des millénaires, mais jusqu’à la conception qu’eux-mêmes se font d’eux-mêmes !
Dès la publication de la Charte nationale palestinienne, le 28 mai 1964, l’O.L.P. se chargeait de récuser à la face du monde «‘‘l'affirmation selon laquelle des liens historiques ou spirituels unissent les Juifs à la Palestine» ; elle contestait leur prétention à une ‘‘nationalité’’ distincte. Elle décréta que le judaïsme n'était qu'une ‘‘religion’’ et jugea le sionisme ‘‘fanatique et raciste’’: ‘‘Ses objectifs sont agressifs, expansionnistes et coloniaux. Ses méthodes sont celles des fascistes et des nazis».’’ La charte appelait en réalité à la destruction d'Israël et stipulait que seule une minorité de résidents juifs pourrait continuer à vivre dans le pays. »1
La « folie », en l’occurrence, tient à ce qu’il n’est jamais venu à personne l’idée de se demander « comment les Français ont été inventés », « comment les Tibétains ont été inventés », « comment les Yankees ont été inventés », « comment les Vietnamiens ont été inventés », « comment les Arméniens ont été inventés », etc., ni même de poser la question de l’« invention » concrète de certains « peuples » modernes, tels les Jordaniens ou, justement, les Palestiniens…
Aujourd’hui, je vais me pencher sur une part plus localisée de ce vaste vent de folie qui emporte toute la question judéo-arabo-sioniste : le délire à l’œuvre au cœur de la société palestinienne.
J’avais réfléchi à plusieurs titres pour la séance d’aujourd’hui : Philosophique, « Téléologie du nihilisme palestinien » ; symbolique, « La Mère, l’Umma, la Mort » ; narquois : « Les chtarbés de l’Œdipe »
Il s’agira des travaux pratiques succédant à l’avant-dernière séance consacrée aux « mères-crocodiles » des suicidaires palestiniens – pour tenter de comprendre les tenants de ce délire de la société palestinienne à Gaza et en Cisjordanie, société considérée dans son ensemble – il ne s’agit pas des individus, dont nul ne sait trop rien, la faute en étant souvent aux antisionistes qui masquent la réalité palestinienne derrière l’idéologie palestinienne – hier celle de la propagande de l’OLP, aujourd’hui celle de la censure sordide et sadique du Hamas et du Fatah’.
Lors de la précédente séance, consacrée au thème de l’attentat à la chose-mot, j’avais énoncé l’intuition suivante, dont on va examiner de nombreuses démonstrations concrètes aujourd’hui :
Il n’est ainsi pas impossible que la structure profonde du Coran et de la Sira, vérité dogmatique de substitution aux choses-mots des Juifs (Ismaël substitué à Isaac comme fils d’Abraham préservé du sacrifice par la « ligature » : ‘aqeda en hébreu et ‘aqidah en arabe!), soit à la racine de la fascination des fedayin (« ceux qui se sacrifient »2) pour la mort (ce « culte érotisé que les Palestiniens rendent à la mort » selon Weinstock) et pour les mots de la mort – qui sont comme des énoncés prédateurs répondant et traquant les très vivantes et vivifiantes choses-mots inscrits dans le Texte des Juifs, « car c’est la vie pour ceux qui les trouvent » énonce de ses paroles Salomon dans les Proverbes3.
On a une équivalence de cette problématique, qu’il faudrait approfondir, dans le culte rendu au sacrifice humain du Christ dans le christianisme, dont le corps et le sang, selon la théologie catholique, sont censés être ingérés dans l’eucharistie.
L’attentat-suicide palestinien serait en somme la version djihadiste de l’eucharistie, la Mère Crocodile musulmane y tenant le rôle du Père sacrificateur du Fils vierge, comme cela est assez clair en Luc 22, 42 : « Disant: Père, si tu voulais bien, retire cette coupe de moi: toutefois, non pas ma volonté, mais que la tienne soit faite. »
C’est ici selon moi que se noue l’alliance sacrificielle entre l’antijudaïsme catholique et l’antijudaïsme islamique, laquelle sans doute permet seule d’expliquer la collusion extrême entre les antisémitismes chrétien et musulman en Palestine à l’arrivée des premiers sionistes.
Il faut dire les choses comme elles sont : si le conflit israélo-palestinien n’est toujours pas réglé après cent ans et une bonne dizaine de guerres, toutes remportées par Israël4, c’est parce que la société palestinienne dans son ensemble est malade, croupissant et se consumant littéralement dans la rumination de sa haine antisémite, cette névrose devenue nécrose où le mot « yahoud » en soi est une profération d’exécration.
<VIDEO RAGE ANTISÉMITE DES PALESTINIENS 1>
Ce délire d’autre part est soit justifié politiquement – comment ne haïrait-on pas son oppresseur – soit recouvert et dissimulé comme tel par le délire parallèle du discours antisioniste occidental.
Nous avons vu la dernière fois que l’antisionisme se divisait en deux types de discours, dont l’un, principalement tenu à destination du public occidental, est le masque bon teint et lissé de l’autre, tenu en arabe à destination du public musulman. Incapable de penser, l’antisionisme accompagne depuis toujours la haine névrotique palestinienne, laquelle consiste à réitérer sur tous les tons la formule de l’historien Heinrich von Treitschke dans les Annales prussiennes en 1879, qui sera ressassée en boucle sous le IIIème Reich: « Die Juden sind unser Unglück ».
Ça semble exagéré. C’est pourtant ni plus ni moins l’idée maîtresse soutenue par Yasser Arafat le 13 novembre 1974 (soit une année après la défaite arabe dans la guerre de Kippour) lors de son célébrissime discours devant l’Assemblée Générale des Nations Unis : « L'invasion de la Palestine par les Juifs a commencé en 1881. »
Je m’arrête un instant à ce discours célèbre d’Arafat, modèle d’histrionisme et de rouerie mensongère, affirmant que si les Juifs n’avaient pas « envahi » la Palestine dès 1881, toute la région vivrait dans une paix et une prospérité sans égales, conformément au brillant passé libre, égalitaire et pluriculturel qui prévalait dans la Palestine arabo-musulmane avant l’invasion juive :
« L'invasion <grossier mensonge> de la Palestine par les Juifs a commencé en 1881. Avant le déferlement <grossier mensonge> des premiers immigrants, la Palestine avait une population d'un demi-million ; la plupart des habitants étaient musulmans ou chrétiens et il n'y avait que 20.000 juifs. Chaque segment de la population jouissait de la liberté de religion <grossier mensonge>, ce qui caractérise notre civilisation <grossier mensonge>. La Palestine était une terre verdoyante <grossier mensonge>, habitée principalement par la population arabe, qui y édifiait sa vie et bénéficiait d'une culture prospère <grossier mensonge> /…/ Il faut que tout le monde sache que la Palestine a été le berceau des cultures et des civilisations les plus anciennes. Son peuple arabe n'a cessé de semer sur toutes ses terres au cours de milliers d'années, à donner l'exemple de la liberté religieuse <grossier mesonge>, à garder avec respect les Lieux Saints <grossier mensonge> qui se trouvent sur son sol. En tant que fils de Jérusalem, <grossier mensonge, il est né au Caire> je garde pour moi et pour mon peuple les souvenirs les plus beaux et les images les plus vives de la fraternité religieuse qui existait dans notre Ville Sainte avant la catastrophe <grossier mensonge>. Alors que nous condamnions avec force les massacres des Juifs par les nazis <grossier mensonge>, les dirigeants sionistes semblaient plus intéressés, à l'époque, à les exploiter <grossier mensonge> afin de réaliser leur objectif d'immigration en Palestine.»5
Dans le tome IV de sa question de Palestine, Henry Laurens consacre un chapitre au discours baltringuesque d’Arafat, sans évidemment évoquer ce passage extrait à raison par Bat Ye’or, laquelle y a très bien repéré l’accumulation de grossiers mensonges relevant de la dissimulation de la dhimmitude. Or ce discours (rédigé par le notable notablement corrompu Nabil Shaath6 et « révisé par une commission comprenant Shafiq al-Hut, Walid al-Khalidi, Salah Dabbagh et Mahmud Darwish, ensuite traduit en anglais par Edward Saïd et Randa al-Khalidi » est non seulement bourré de grossiers mensonges historiques factuels très aisés à vérifier, mais surtout est idéologiquement crucial en ce qu’il initie tous les lieux communs à venir qui assimileront le sionisme à un racisme colonialiste et impérialiste, Arafat y traçant un virulent parallèle non seulement entre Israël et l’Afrique du Sud mais entre le sionisme et l’antisémitiqme. Arafat y décrit en effet un peuple palestinien fantasmatique, description dont il n’est pas compliqué d’apercevoir qu’il s’agit grosso modo d’un portrait palestinisé du peuple juif – un peu comme chez Heidegger le « peuple en attente » désigne les Allemands d’après-guerre (à la différence que Heidegger ajoutera : « Le "peuple en attente" (l'Allemagne) "s'est lui-même tyrannisé avec l'impatience propre à ceux qui ignorent leur aître, et s'excitant lui-même il a avancé en faisant continuellement le mauvais choix.»7).
« Le peuple palestinien a produit des milliers de médecins, d’avocats, de professeurs et de savants qui ont participé activement au développement des pays arabes voisins de leur patrie usurpée. Ceux-ci ont utilisé leurs revenus pour aider les jeunes et les vieillards qui demeuraient dans les camps de réfugiés. Ils ont éduqué leurs jeunes frères et sœurs, aidé leurs parents et se sont occupés de leurs enfants. Pendant tout ce temps, le Palestinien n’a cessé de penser au retour. L’attachement du Palestinien à sa patrie et sa volonté d’y revenir n’ont jamais été ébranlés ; son enthousiasme n’a jamais été atteint ; rien n’a pu le faire renoncer à son identité palestinienne ou à sa terre. Le temps ne lui a pas fait oublier sa patrie comme certains l’espéraient. »
Et du coup, logiquement, un portrait antisémitisé du peuple palestinien :
« Depuis de nombreuses années notre peuple subit les ravages de la guerre, de la destruction et de la dispersion. Nous avons payé du sang de nos fils, ce qui est une perte irréparable. Nous avons subi l’occupation, la dispersion, les évictions et la terreur plus longtemps qu’aucun autre peuple. Et tout cela n’a pas rendu notre peuple rancunier ou revanchard. Tout cela ne nous a pas rendus racistes. Tout cela ne nous a pas fait oublier comment faire le départ entre nos amis et nos ennemis. C’est pour cela que nous déplorons tous les crimes perpétrés contre les Juifs; nous déplorons aussi la réelle discrimination dont les Juifs ont souffert en raison de leur croyance ! »
Tout cela produit un invraisemblable effet d’ensorcellement (qui dure encore et se répand tel un poison par le biais de la cybernétique aujourd’hui, conformément à la nature propre de la Verzauberung heideggérienne) de sorte que le peuple palestinien se dissout littéralement derrière ce déguisement tramé de tant de traits usurpés à l’histoire du peuple juif.
Or, à la grande différence du peuple palestinien, le peuple juif ne se réduit pas à son histoire victimaire ni au double traumatisme incomparable de la Shoah en Europe et de la dhimmitude et de l’expulsion dans les pays arabes; il se reconnaît collectivement en son adhésion millénaire à un texte mystique et messianique, en dehors duquel sa présence en Palestine n’a littéralement aucun sens.
C’est là que le déguisement du peuple palestinien en néo-peuple juif se désintègre, car le seul texte fondateur dans lequel les Palestiniens puissent se reconnaître collectivement est évidemment le Coran (où le nom « Jérusalem » n’est jamais cité comme ville sainte musulmane, et où le peuple d’Israël est dit bénéficier d’un droit de retour sur sa terre8) et ses commentaires, lesquels n’ont rien de spécifiquement « palestiniens », mais sont majoritairement profondément hostiles au judaïsme et aux Juifs…
Bien sûr, vous n’entendrez jamais aujourd’hui un antisioniste occidental bon teint (soucieux de se démarquer, par exemple, du « Parti Antisioniste » ouvertement antisémite de Dieudonné et Soral) formuler les choses aussi abruptement que les nazis : « Les Juifs sont notre malheur. »
On parlera préférablement de l’Occupation et de ses maux quotidiens en Cisjordanie, des colons juifs hyperviolents, de l’apartheid organisé par l’État d’Israël, de la bande de Gaza devenue une prison à ciel ouvert militairement et économiquement étranglée par Israël, des Arabes israéliens au statut de citoyens de seconde zone, etc. (je consacrerai une séance à la question de l’occupation, de l’apartheid et de la Cisjordanie).
Pourtant l’hypothèse de départ, plus ou moins dissimulée selon l’interlocuteur, est toujours invariablement la même. À savoir que, pour un antisioniste conséquent, tout est depuis toujours et tout le temps de la faute d’Israël comme État9. De sorte que, dès que vous daignez tirer un tant soit peu le fil chronologique de cette causalité du malheur contemporain des Palestiniens, vous en revenez nécessairement à la cause première de la catastrophe – d’ailleurs condensée en un unique vocable, la Nakba – soit la création de cet État, invariablement qualifié d’« impérialiste », de « raciste », de « colonial », cette création étant elle-même, comme le formula Arafat en 1974, la blâmable conséquence de l’illégitimité de l’immigration juive en Palestine depuis 1881.
Or n’importe quel historien sérieux et non idéologue de la région et du monde arabe, fût-il propalestinien, sait comme les assertions d’Arafat en 1974 concernant le passé idyllique, glorieux, prolifique et tolérant de la Palestine arabe est un fieffé mensonge, tout particulièrement en ce qui concerne le statut misérable des Juifs dans la Palestine ottomane jusqu’à la première moitié du XXème siècle.
(À suivre)
Benny Morris, Victimes, op. cit. p.398
Cf. Benny Morris, op. cit. p.297
Proverbes 4 , 22
Cité par Bat Ye’or in Le Dhimmi, op. cit. p.288
La dévastation et l’attente, p.59, Gallimard.
Sourates 5 verset 21 : « Ô mon peuple, entrez dans la terre sainte que Dieu vous a destinée. Et ne revenez pas sur vos pas, car vous retourneriez perdants". »
et 17, verset 104 : « Et après lui, Nous dîmes aux Enfants d'Israël: "Habitez la terre". Puis, lorsque viendra la promesse de la (vie) dernière, Nous vous ferons venir en foule. »