Oliver et Steinberg, dans les pages citées par Loadenthal permettent de se faire une idée des soubassements psychologiques (il n’y en a objectivement pas d’autres, et surtout pas dans le Coran ni dans l’Islam où nulle part ne sont justifiés les attentats-sucides – cf. étude de 2006 d’Atmane Aggoun dans la revue L’esprit du temps, « Le martyr en islam. Considérations générales »1).
Car Oliver et Steinberg narrent le discours et la préparation d’un candidat au martyr, Mahir Abu-Surur, lequel, dans un autre contexte, serait immédiatement catégorisé comme psychotique azimuté tel le Joker au sourire perpétuel de l’hôpital d’Arkam dans Batman…
Il existe en ligne une conférence en anglais faite à New York, en 2005, où Anne-Marie Oliver et Paul Steinberg présentent leur livre et diffusent des extraits de cette vidéo. Je la recommande à qui comprend l’anglais.2
Anne Marie Oliver commence par expliquer que la vague des attentats suicides – qui devint un mode majeur de combat du Hamas en pleines négociations entre Israël et Arafat, était « unprecedented and simply unimaginable »3.
Le récit commence par un exergue de Wittgenstein particulièrement bienvenu, « The limits of my language mean the limits of my world. »
Le chapitre 36 intitulé « Ghosts with Guns » (Des fantômes en armes) décrit une cassette vidéo de propagande du Hamas achetée à Gaza, sur laquelle s’expriment trois palestiniens suicidaires, vidéo enregistrée quelques heures avant leur suicide effectif.
Oliver et Steinberg s’attachent particulièrement à l’un des trois jeunes hommes, nommé Abu-Surur, qui attire leur attention par son air juvénile, son sourire étrange à l’évocation de la joie de s’adonner à la mort, une joie dépourvu d’agressivité typiquement mâle et combattante : « There’s something of the puer aeternus about him. »4
Anne-Marie Oliver y souligne plusieurs points singuliers, comme la très singulière assimilation du martyr à un jeune marié. On fait fréquemment référence au candidat shahid comme le « marié » (bride-groom) :
« On le qualifiait couramment de " marié ", les rituels funéraires constituant son "mariage" »…
Et elle évoque en illustration une affiche invitant la population de Khan Younès (à Gaza) aux noces-funérailles d’un shahid célèbre, « le faucon <Hawk> du Fatah Anwar Zar‘i Suleih » :
«À cette occasion, nous appelons les masses de notre peuple fidèle au mariage du martyr, qui commencera aujourd'hui et durera jusqu'au 24/10, et nous vous appelons à marcher sur la route des martyrs et à vous rendre à la maison du martyr dans le quartier de Kharraba, où il y aura un déjeuner pour le marié, le martyr Abu ar-Ra'd <son nom de guerre, " Père du Tonnerre ">… »
La première question à poser, c’est de comprendre à qui donc s’est « marié » le martyr qui vient de se fair exploser. La propagande déclare que c’est Palestine, le sang du martyr constituant la dot, mahr en arabe :
« La "fiancée" du martyr était communément appelée la Palestine, comme dans le graffiti nationaliste "Mon pays est ma fiancée, et son mahr [sa dot, prix de la fiancée] est mon martyre". »
Une autre version plus célèbre est celle des 72 vierges, les houris, qui attendent le martyr au Paradis.
Le documentaire de Pierre Rehov tourné à Gaza en 2008, intitulé « Recrutement et lavage de cerveau d'un terroriste » donne de précieux rensiegnement sur ces vierges fantasmatiques, dont le « corps » est tout sauf charnel (il est transparent, fait de pure lumière), et dont la virginité est dépénétrable à perpétuité puisqu’elles demeurent vierges malgré la pénétration !!!
https://youtu.be/iC0NzvXkGgM?t=114
JUSQU’À « QUAND ELLE APPRENDRA QUE JE SUIS MORT EN MARTYR »
L’autre versant de cette profonde débilité névrotique où toute sensualité est déniée et sacrifié sur l’autel de la jouissance de la mère, c’est une profonde jouissance sado-masochiste provoquée à la seule imagination de la mort, de la souffrance et du malheur des Juifs.
« Il souhaite que sa mort soit l'occasion d'une "fête de mariage", dit-il. Il sera le "marié". Les femmes, imagine-t-il, ululeront. On fera circuler des bonbons. On s'adressera à sa mère en utilisant le terme honorifique Im-shahid, "Mère du Martyr"; à son père, Abu-Shahid, "Père du Martyr" ; et lorsqu'ils penseront à sa mort, à son corps réduit en miettes, à ses morceaux arrachés aux arbres et raclés sur le trottoir et ramassés dans des sacs en plastique par la Zaka juive ultra-orthodoxe, ils exprimeront leur fierté, leur bonheur et leur joie. " »
L’imam masqué du Hamas qui endoctrine le débile mental face à lui, se met d’ailleurs à s’exciter tout seul devant la caméra de Pierre Rehov, lorsqu’il se prend sur un mode très théatral à exposer son beau programme si purement politique:
https://youtu.be/iC0NzvXkGgM?t=300
JUSQU’À « SEULE RELIGION DE COMPASSION »
Anne-Marie Oliver et Paul Steinberg dans leur essai évoquent une variante islamiste du martyr comme mariage : « "Le sang est le mahr des filles précieuses" ».
Ce sang symbolique, celui traditionnellement rapporté aux fiancées vierges après leur défloration lors de leur nuit de noce, est ici celui du shahid versé pour la cause de la mort, offert comme dot à la place de l’argent.
On a ici affaire à toute une reconfiguration symbolique – dont nul ne semble avoir la clé parmi les observateurs occidentaux –, qui en revient à une transmutation des jouissances et des souffrances, dont le sang versé (à la fois par le shahid et par ses victimes juives par la même occasion, puisqu’il ne s’agit jamais de suicide solitaire – comme par exemple dans le cas des bonzes s’immolant par le feu au Sud-Vietnam dans les années 60 –, correspond à une sorte de dissection dichotomique de la Vierge, carrément divisée en deux parts, l’une de souffrance (à la défloration), reportée sur les Juifs « couards » (qualificatif qui revient sans cesse dans la prose du Hamas), et l’autre de jouissance (du marié vierge lui-même destiné à pénétrer perpétuellement des Vierges à n’en plus finir), qui rejaillit sur le shahid en tant qu’il est lui-même assimilée à la femme sensuelle (donc au Juif !) acquise par le biais de ce mariage !
Profondément possédé par sa mère-crocodile, le shahid se substitue ainsi à la vierge dans la symbolique de la défloration, comme l’expriment nettement les détails du discours suicidaire rapportés par Oliver et Steinberg:
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