Un autre enseignement, qui permet de penser aussi ce qui arrive au monde aujourd’hui, c’est le fait que cette « animosité » dirigée contre la Bible, contre le Dieu-Texte des Juifs, ne se réduit pas à l’antisémitisme. Elle peut prendre des formes très diverses, y compris celle de « l’hainamoration », pour citer un calembour de Lacan le 20 mars 1973 dans son séminaire Encore1, dans des pages consacrées à ce que la psychanalyse nomme usuellement « l’ambivalence des sentiments », à la haine et à l’amour, donc, et où il est d’ailleurs encore une fois une peu question d’hébreu et de Heidegger, puis de Spinoza et de sa passion pour « ce travail de texte qui sort du ventre de l’araignée, sa toile »…
Voici le contexte2 (Encore, chap. VIII « Le savoir et la vérité », §1):
Lacan évoque la formalisation mathématique, soulignant que « le réel », à la différence de l’imaginaire, « ne saurait s’inscrire que d’une impasse de la formalisation. C’est en quoi j’ai cru pouvoir en dessiner le modèle à partir de la formalisation mathématique en tant qu’elle est l’élaboration la plus poussée qu’il nous ait été donné de produire de la signifiance. Cette formalisation mathématique de la signifiance se fait au contraire du sens, j’allais presque dire à contre-sens. Le ça ne veut rien dire concernant les mathématiques, c’est ce que disent, de notre temps, les philosophes des mathématiques, fussent-ils mathématiciens eux-mêmes, comme Russell. »
On se rappelle que j’avais un peu développé tout ça dans l’une de mes deux séances consacrées à Badiou.
Puis Lacan en vient à ce que la psychanalyse pourrait tirer à son avantage de la formalisation mathématique :
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