Un autre signe essentiel de non adhésion de la pensée juive à l’ordre romano-chrétien, tel que l’imposa textuellement Justinien, est que le Tout juif est en permanence troué par sa propre extériorité, irradié de possibilités d’interprétations non incluses dans le Texte, dont l’extranéité nourrit, en un balancement perpétuel, l’immanence de ses enseignements censés être tous tirés exclusivement de la Torah.
On considère ainsi que toute la Torah transmise à Moïse sur le Sinaï n’est pas parvenue dans son intégralité aux enfants d’Israël, mais que des milliers de lois et d’enseignements ont été oubliés au Sinaï après la mort de Moïse.
C’est à nouveau au traité Temourah1 que l’anecdote est rapportée :
« R. Yehoudah a dit au nom de Rabbi Chemouel que trois mille lois (halakhoth) furent oubliées à l’époque du deuil de Moïse. Les Israélites dirent à Josué : Réclame <cheal : « questionne », demande à Dieu qu’il nous les redonne>. Josué leur répondit : Elle n’est pas dans les cieux. (Deutéronome 30, 12)2
« Il dirent à Samuel : Réclame ! Samuel leur répondit : Tels sont les commandements (Lévitique 27, 34) <«Tels sont les commandements que l’Éternel donna à Moïse pour les enfants d’Israël, sur la montagne de Sinaï. »
אֵ֣לֶּה הַמִּצְוֹ֗ת אֲשֶׁ֨ר צִוָּ֧ה יְהוָ֛ה אֶת־מֹשֶׁ֖ה אֶל־בְּנֵ֣י יִשְׂרָאֵ֑ל בְּהַ֖ר סִינָֽי>,
entendant par là que depuis leur promulgation, nul prophète n’est autorisé à introduire un précepte nouveau. »
Quelques lignes plus bas, le Talmud continue, démontrant l’importance vitale du questionnement :
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